[Jo lit un passage du chapitre 2 de Harry Potter et les Reliques
de la Mort]
Meredith
Vieira : Il est fini.
JK Rowling
: Je sais.
MV
: Qu’est-ce que ça fait ?
JKR : C’est
incroyable.
MV
: Incroyablement bon ? Incroyablement mauvais ? Un peu des deux
?
JKR : Pour
le moment – honnêtement, c’est super. C’est
– je me sens bien. Oui. Je veux dire, je suis triste. La première
semaine après avoir fini le livre a été difficile.
MV
: Parce que vous avez réalisé que c’était
terminé ? Ou parce que… enfin, vous avez tué
certains personnages, aussi. Je suis sûre que c’était…
JKR : Je pense,
je pense que c’est l’ensemble. C’était
un moment incroyablement cathartique. La fin de 17 années
de travail. Et comme c’est lié à ce que j’ai
fait dans ma vie pendant 17 ans, beaucoup de souvenirs ont remonté.
MV
: Car quand vous avez commencé, vous n’étiez
en aucune façon là où vous êtes maintenant.
JKR : Non.
Et, en fait, quand j’ai commencé, j’étais
dans une mauvaise passe. Et puis, vous savez, la vie a ses hauts
et ses bas. Donc, en fin de compte, Harry m’a accompagné
pendant tout ce temps. Je pense que c’est ce sentiment plus
qu’aucun autre que je ne voudrais supprimer pour rien au monde.
MV
: Avez-vous le sentiment que vous avez dû dire au revoir à
Harry ?
JKR : Hummm.
Oui et non. Il sera toujours présent dans ma vie.
MV
: Vous nous laissez un peu sur notre faim.
JKR : Il aurait
été humainement impossible de répondre à
chaque question que les fans se posent. Car je dois faire face à
un niveau d’obsession chez certains fans qui ne s’éteindra
pas avant qu’ils ne connaissent le deuxième nom des
arrières-arrières-grands-parents de Harry.
[MV et le public
rient]
MV
: C’est vrai que vous, les lecteurs, poussez l’obsession
un peu loin.
JKR : Non,
j’aime ça. Je suis tout à fait pour cela. Je
suis contente qu’ils soient comme ça.
[Un passage
vidéo]
MV
au public composé d’enfants : Je sais que vous avez
un tas de questions, donc nous allons commencer. Omar, commençons
par toi.
Omar,
17 ans : Hum, j’ai compris que vous avez planifié votre
vision des livres il y a des années.
JKR : Hum.
Omar
: De combien le tome 7 s’est-il écarté de votre
idée d’origine ?
JKR : Il en
est proche, particulièrement le dernier tiers du livre qui
est tel que je l’ai toujours prévu. Vraiment. La seule
exception serait qu’un personnage apparaît dans ce dernier
tiers. Et j’ai pensé que ce personnage mourrait dans
le tome 5 quand j’ai commencé à écrire.
Donc quelqu’un…
MV
: Qui était-ce ?
JKR : Hum,
Mr Weasley. [un passage vidéo de Mr Weasley dans le film
“La Coupe de Feu” est projeté] C’est donc
le personnage qui a eu un sursis. Quand j’ai planifié
les livres, Mr Weasley devait mourir dans le tome 5.
MV
: Et pourquoi a-t-il obtenu ce sursis ?
JKR : Et bien,
je devais le garder. En partie parce que je ne pouvais pas supporter
de le tuer.
MV
: Alors qu’est-ce qu'il s’est passé ? Pourquoi
a-t-il eu ce sursis ?
JKR : Et bien,
je l’ai échangé contre un autre personnage,
et je ne veux pas dire qui pour les gens qui n’ont pas –
lu. Mais je – j’ai pris la décision pendant que
j’écrivais le Phénix, de donner un sursis à
Mr Weasley et de tuer quelqu’un d’autre. Et si vous
avez terminé le livre, je suppose que vous savez de qui il
s’agit, un autre père.
MV
: Et avez-vous déjà considéré le fait
de tuer Harry, Hermione ou Ron ?
JKR : Oui,
absolument. Je suis très fière du fait que pendant
la lecture de ce livre, beaucoup, beaucoup de gens pensaient qu’il
était tout à fait possible que Harry meure. C’était
mon but, que vous pensiez que tout le monde pouvait y passer.
MV
: Mais vous êtes-vous inquiété, Jo, pendant
que vous écriviez le livre, que des tas d’enfants soient
dévastés par la mort d’Harry, d’Hermione
ou de Ron ?
JKR : Hum,
vous… Bien sûr que ça vous affecte. Je me souviens
d’avoir rencontré un garçon qui m’a dit
« S’il vous plaît, ne tuez jamais, jamais, jamais,
jamais Hagrid, Dumbledore ou Sirius ». [d’une voix rauque,
et au bord des larmes] Et je savais que je l’avais déjà
fait. J’avais déjà tué Sirius. Et ça…
Je ne peux pas prétendre, en regardant ce garçon,
ne pas m’être sentie affreuse.
MV
: La mort de quel personnage vous a-t-elle fait pleurer ?
JKR : Le passage
que j’ai vraiment trouvé le plus difficile à
écrire, dans les 7 tomes, et celui qui m’a fait le
plus pleurer est le chapitre 34 de ce livre-ci. Mais c’était
– c’est en partie à cause du contenu, et en partie
parce qu’il a été planifié depuis si
longtemps et a été ébauché depuis si
longtemps. Et écrire la version définitive a été
comme un – une énorme apogée.
MV
: Et pouvez-vous nous dire ce qu'il se passait dans le chapitre
34 ?
JKR : C’est
quand Harry part vers la forêt. Encore. C’est mon passage
préféré dans ce livre. Je n’ai pas pleuré
en l’écrivant, mais une fois avoir fini de l’écrire,
j’ai ressenti une énorme explosion d’émotions
et j’ai pleuré et pleuré et pleuré.
MV
: Jackson !
Jackson,
10 ans : Y a-t-il quelque chose que vous auriez aimé avoir
écrit ou ne pas avoir écrit dans Harry Potter, surtout
à propos des morts ?
JKR : Hum,
non. J’ai beaucoup réfléchi à propos
des morts. Je ne tue aucun personnage à la légère
!
[nouveau passage
vidéo]
Chelsea,
19 ans : A la fin, vous dire que, ou vous nous dites que Neville
est professeur à Poudlard. Quel est le métier de Harry,
d’Hermione et de Ron ?
JKR : Oui,
je pense que c’est ce que tout le monde veut faire. Harry
et Ron ont par la suite révolutionné le Département
des Aurors. Ils sont maintenant les experts. Leur âge ou ce
qu’ils ont fait d’autre n’a pas d’importance.
Et Hermione, et bien, je pense qu’elle occupe maintenant un
poste important au Département de la Justice magique. J’imagine
que son intelligence et sa connaissance du fonctionnement de la
Magie Noire lui ont donné une bonne base. Ils ont créé
un nouveau monde.
MV
: Pourquoi n’avez-vous pas mentionné cela dans le livre
?
JKR : Et bien,
hum. Pour dire la vérité, la première esquisse
de l’épilogue était beaucoup plus détaillée,
mais ça… ça ne fonctionnait pas vraiment bien,
mais je possède bien sûr ces informations pour vous,
si vous les souhaitez.
[nouveau passage
vidéo]
MV
: Nous avons également reçu beaucoup d’e-mails,
hum, de gens qui ont terminé le livre et ont des questions.
Je voudrais en énoncer quelques unes, pour mettre les choses
au clair.
JKR : Oui.
MV
: Rogue était-il destiné à être un héros
?
JKR : [Inspire
brusquement] Est-il un héros ? Vous savez, je ne le considère
pas réellement comme un héros.
MV
: Vraiment ?
JKR : Oui.
Il est rancunier. C’est une brute. Tous ces termes définissent
encore Rogue, même à la fin du livre. Mais était-il
courageux ? Oui, immensément.
Greta,
8 ans : Si Rogue n’avait pas aimé Lily, aurait-il tout
de même tenté de protéger Harry ?
JKR : Non.
Il ne l’aurait pas fait. Il n’aurait pas été
intéressé par ce qui arrivait à ce garçon.
MV
: Ok. La première : 19 ans plus tard, qui est le directeur
de Poudlard ?
JKR : Et bien,
ça serait quelqu’un de nouveau. Heu, ça faisait
un moment que Mac Gonagall occupait ce poste. Donc quelqu’un
de complètement nouveau. Mais si je fais un jour une encyclopédie,
je promets de donner des détails.
MV
: Vous allez le faire, n’est-ce pas ?
JKR : Probablement.
Mais je ne le ferai sûrement pas demain. (rires) Car j’aimerais
vraiment faire une pause. Donc il se peut que vous deviez attendre.
MV
: Vous voulez dire que vous n’avez pas encore commencé
? (rires)
JKR : Et bien…
D’une certaine façon je suppose que j’ai commencé
car le – toute la matière première se trouve
dans – dans mes notes. Mais – j’aimerais faire
une pause avant de recommencer à publier. Ca serait –
vous savez, j’ai toujours une famille.
MV
: Avez-vous – est-ce que Ron, Hermione ou Harry auront un
jour un poste à Poudlard ?
JKR : Et bien,
j’imagine bien Harry revenir pour parler de – de la
Défense contre les Forces du Mal. Et – je – et,
bien sûr, le sort est brisé maintenant que Voldemort
est parti. Maintenant, ils peuvent conserver un bon professeur de
Défense contre les Forces du Mal plus d’une année.
Donc cet aspect de – de l’éducation des sorciers
est maintenant prise en charge.
MV
: Est-ce que – finir cette série, pour vous, c’est
un soulagement, ou bien quelque chose se rapprochant d’un
deuil ? Ou peut-être un mélange des deux ?
JKR : Les deux,
vraiment.
MV
: Oui ?
JKR : Un ensemble
d’émotions rassemblé en une seule. Juste après
avoir fini d’écrire, j’étais très…
Les deux premiers jours ont été terribles. Terribles.
Et –
MV
: Dans quel sens ? Dites-nous ce que vous avez fait.
JKR : C’est
juste – j’étais incroyablement déprimée.
Je pense que – ce que – ce qui est probablement difficile
à imaginer pour les gens, c’est combien ce travail
de 17 ans était intimement lié à ce qui se
passait dans ma vie à cette époque. Donc tout ça
– tout s’est mélangé. Mais c’était
– je pleurais la perte de ce monde que j’ai écrit
pendant si longtemps et que j’aimais tellement. Je pleurais
également la fin de la mise à distance vis-à-vis
de – vis-à-vis de la vie ordinaire, car c’était
cela. Et ça m’a forcé à regarder en arrière,
vers ces 17 années de ma vie, et à me rappeler des
choses.
Et c’était intimement lié à la mort de
ma mère, qui est survenue – car, vous savez, une grande
– ce long passage de ma vie est maintenant terminé.
Donc inévitablement vous repensez à ce qui est arrivé
au début de ce passage. Inévitablement, vous êtes
ramené à cette époque – vous savez, j’ai
vécu la naissance de trois enfants. J’ai vécu
dans différents pays. J’ai vécu deux pertes
importantes. La fin d’un mariage.
Et – et puis beaucoup de souvenirs joyeux, vous savez ? Ma
– la naissance de chacun de mes enfants et tout ça.
Mais, vous savez, ça m’a renvoyé à cette
époque. Je n’arrêtais pas de penser à
tout cela.
Les deux premiers jours ont été pénibles. Mais
pendant toute la semaine après la fin de la rédaction,
j’étais déprimée. Puis, après
cette semaine, j’ai senti quelque chose de différent.
Je me suis réveillée le huitième jour et –
je me sentais plus légère, je sentais que je pouvais
écrire tout ce que je voulais. La pression est partie. Et
ce n’est pas comme si Harry était parti – parti
de ma vie, car il sera toujours présent dans ma vie. Et –
oui. Je me suis réveillée après une semaine
et j’ai pensé, « Oh, quelle amélioration
». Vous savez ? C’est – c’est un soulagement.
Bien sûr que c’est un soulagement. Malgré tout
cela, y compris cette phase de dépression, c’est mon
livre préféré et je pense que c’est le
meilleur livre de la série.
MV
: Jimmy !
Jimmy,
11 ans : Pouvez-vous nous parler des influences dans votre livre.
JKR : Et bien,
c’est très, très difficile de séparer
ses influences. Certaines comme Star Wars ou Le Seigneur des Anneaux,
ou la série Harry Potter, beaucoup sont… ils prennent
la forme d’une quête. Ils prennent la forme d’une
lutte du bien contre le mal et des conséquences sur les gens.
Lukas,
9 ans : Harry Potter est-il basé sur une personne de votre
entourage ?
JKR : Non,
Harry est un personnage entièrement imaginaire. Heu, donc
je suppose que cela signifie qu’il vient un peu de moi, aussi.
Kerry,
15 ans : Selon vous, quelle partie du phénomène Harry
Potter est la plus satisfaisante ?
JKR : Euh.
Ca. Parler des livres à des personnes comme vous.
Riley,
11 ans : Prévoyez-vous d’écrire d’autres
livres après celui-ci ?
JKR : Oui,
absolument. J’écrirai toujours, je ne m’imagine
pas arrêter d’écrire. J’ai commencé
à écrire quand j’avais cinq ans. J’ai
toujours écrit, donc je continuerai jusqu’à
ce que je ne puisse plus écrire.
Riley
: Est-ce que vous écrirez des livres sur des mondes magiques,
ou bien est-ce que ce sera quelque chose de totalement différent
?
JKR : Je pense
que j’en ai fini avec l’univers magique.
MV
: Donc vous pouvez regarder ces visages innocents et leur annoncer
« il n’y aura jamais un autre livre sur Harry Potter
».
JKR : [rires]
J’en ai fini avec Harry Potter.
Interview traduite par Jessica.
Version originale disponible sur le site d' Accio
Quote.
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