Contexte : Toronto était la dernière
étape dans l’« Open Book Tour » de 2007
de Rowling. Quelques jours auparavant, Rowling avait annoncé
aux fans à News York l’homosexualité de Dumbledore,
donc ce sujet était le thème dominant des questions.
La conférence de presse a eu lieu juste avant la lecture
au Théâtre du Jardin d’Hiver et c’est également
là que Jo s’est vu remettre l’Award « Ordre
de la Forêt » pour avoir encouragé ses éditeurs
à publier les livres sur du papier recyclé.
Les journalistes n'ayant pas de micro, beaucoup de questions étaient
inaudibles.
Q :
[inaudible, quelque chose à propos de Dumbledore]
J.K. Rowling
: Hummm… parce qu’on me posait une question vraiment
directe à Carnegie Hall et cette question, qu’on ne
m’avait jamais posée auparavant, était…
est-ce que vous… étant donné qu’un des
thèmes principaux des livres est l’amour, est-ce qu’Albus
Dumbledore a trouvé un jour l’amour ? Et la fille qui
me posait la question, je dois le préciser, avait commencé
par dire ces merveilleux propos, comme quoi les livres Harry Potter
l’ont aidée à être plus elle-même.
C’est une adolescente. Donc j’ai répondu honnêtement.
Je suppose que l’autre moitié de la réponse
est que ce malheureux engouement de Dumbledore était un élément-clé
de l’intrigue du tome 7. Vous savez, bien souvent, en écrivant
les livres Harry Potter, je me suis sentie comme un saumon remontant
le courant, il y avait tellement de théories et les gens
demandaient tellement d’informations sur l’histoire
à venir que je… afin de rester lucide et de garder
un œil sur ma propre histoire, je n’ai pas révélé
énormément d’informations à l’avance
car je devais rester concentrée. C’était donc
très libérateur, vraiment, de finir et de pouvoir
parler en toute honnêteté des informations sur les
personnages, qu’elles soient directement liées à
l’histoire ou non.
Q :
[inaudible] Pourquoi la saga Harry Potter a-t-elle un aussi grand
succès [inaudible] ?
J.K. Rowling
: On m’a souvent posé cette question et j’ai
toujours trouvé qu’il était très difficile
d’y répondre. Je pense que je devrais… On attend
de moi que je connaisse la formule magique, mais en fait j’ai
écrit ce que j’aimais lire. J’ai écrit
une histoire complexe avec beaucoup de mystères et de surprises
car c’est ce que j’aime, et j’ai créé
des personnages qui m’intéressaient profondément,
donc je suppose que beaucoup de lecteurs sont comme moi. C’est
ma réponse.
Q :
A quel moment de [inaudible] l’écriture des livres
Harry Potter avez-vous décidé de la sexualité
de Dumbledore [inaudible] ?
J.K. Rowling
: Hummm, vraiment tôt. Je dirais… de tous les personnages…
J’ai écrit pendant 7 années avant que le premier
livre ne soit publié. Les personnages sont devenus de plus
en plus précis à mesure que je travaillais et…
je ne peux honnêtement pas dire qu’il y ait eu un moment
où j’ai décidé cela, c’est plutôt
quelque chose que j’ai su ou que j’ai fini par savoir…
donc, hum, vraiment tôt. Probablement avant la parution du
premier livre.
Stacy
Bolton : [inaudible] Qu’avez-vous fait pour devenir un auteur
à succès [inaudible] ?
J.K. Rowling
: Ils devraient lire beaucoup. Ce qui ne veut pas dire que j’essaie
de vendre plus de livres. Mais parce que c’est la seule façon
d’élargir son vocabulaire et de décider ce qu’est
un bon ou un mauvais récit. Puis ils passeront par la phase
d’imitation de leurs auteurs préférés,
ce qui est normal, car c’est une bonne façon d’apprendre.
Puis ils auront besoin de décider par eux-mêmes, et,
j’en suis désolée, de gaspiller beaucoup d’arbres.
Mais [rires] soyez attentifs à ce que leurs livres soient
toujours imprimés sur du papier recyclé [rires].
Gloria
Martin : Avez-vous déjà pensé à écrire
un prologue à la série Harry Potter, qui se focaliserait
sur les parents de Harry Potter ?
J.K. Rowling
: On m’a posé cette question plusieurs fois et j’ai
toujours répondu « n’est-ce pas un peu trop comme
« Star Wars Episode 1 » ? »[rires] Humm…
Je ne le ferai probablement pas. Mais je maintiens le « probablement
» car depuis le deuxième ou le troisième livre,
je pense, quand on me demandait, pourquoi pas plus de sept livres
? J’ai toujours répondu « Je ne vais pas dire
« jamais » car « jamais » est pour moi l’équivalent
d’un chiffon rouge devant un taureau : généralement
je veux immédiatement faire ce que j’avais dit que
je ne ferais jamais. Donc je vais répondre « probablement
pas ».
Q :
Que diriez-vous à certains de vos lecteurs qui ont été
déconcertés par la révélation à
propos de Dumbledore [inaudible] pas le genre d’information
qu’ils s’attendaient à découvrir ou changer
la façon [inaudible] ?
J.K. Rowling
: Et bien, je suppose que je répondrais qu’il n’y
a rien de nouveau pour moi à ce qu’un homme brave et
brillant puisse aimer d’autres hommes. Donc, humm… Je
sais que [rit sous cape] je sais que cette information a bénéficié
au moins à une personne car un homme a révélé
son homosexualité à Carnegie Hall. [rit sous cape]
Je ne plaisante pas. Voila. C’est tout ce que je peux dire.
Q :
Harry Potter a un attrait universel [inaudible] ?
J.K. Rowling
: C’est tout à fait possible. Je ne vois pas pourquoi
je n’écrirais pas un livre avec un personnage principal
féminin. Harry est simplement apparu en tant qu’Harry
et à aucun moment je n’ai envisagé de le transformer
en Harriet. Au bout d’un moment, j’ai fait une pause
et je me suis dit « C’est un garçon ».
Mais à ce moment-là Hermione était déjà
si réelle, et je pense qu’Hermione, selon moi, est
un personnage fantastique. Elle est tellement brillante, elle est
si essentielle pour l’histoire et tellement cruciale dans
la réussite du trio dans les sept livres que je n’ai
pas le sentiment d’avoir laissé tomber les féministes,
personnellement.
Q :
[inaudible] les ramifications politiques du « coming out »
de Dumbledore. Avez-vous conscience qu’à l’échelle
du monde entier, [inaudible] pour d’autres pays moins tolérants
concernant l’homosexualité ?
J.K. Rowling
: Hummm… Je ne peux pas vraiment répondre à
cette question pour le moment, vous savez, c’est quelque chose
que j’ai dit récemment. Je ne peux pas vraiment répondre.
Les choses sont comme elles sont. C’est mon personnage, et
en tant que tel, j’ai le droit de savoir ce que je sais sur
lui et de dire ce que j’ai à dire à son propos.
Voila.
Q :
Je me demande simplement pourquoi vous avez attendu jusqu’à
maintenant pour [inaudible] ?
J.K. Rowling
: J’ai déjà répondu à cela, c’était
la première question.
Q :
[inaudible]
J.K. Rowling
: Ai-je dû beaucoup modifier l’Epilogue ? Les changements
que je… Pas tellement, en fait. La plupart des changements
étaient fait dans le but de révéler moins d’informations,
plutôt que plus. Dans ma première version, l’Epiloque
regroupait à peu près toutes les informations que
je pouvais donner sur leur vie future, car c’était
vers cela que je voulais me diriger. Je savais que j’avais
beaucoup d’informations et quand j’ai rédigé
le premier essai, je les ai incluses. Le grand changement, je pense,
c’est le fils de Lupin. Car jusqu’au cinquième
tome, l’Ordre du Phénix, j’avais eu l’intention
de laisser Lupin en vie. Donc l’un des points importants de
l’épilogue a été de s’assurer,
même s’il n’apparaît pas physiquement, qu’il
allait bien.
Q :
Même si vous écartez l’idée d’un
livre, prévoyez-vous de continuer la franchise sous une autre
forme ? Le mois dernier, le plus grand lancement de l’histoire
concernait un jeu vidéo, et il existe des jeux vidéos
Harry Potter et d’autres médiums également.
Prévoyez-vous de prendre part à cela et d’écrire
plus de choses sur l’histoire de votre monde ?
J.K. Rowling
: Le seul projet que j’ai, et qui reste de l’ordre de
la possibilité, c’est d’écrire une encyclopédie,
ce qui me permettrait d’inclure toutes les informations que
je possède sur tous les personnages. Et comme je l’ai
toujours dit, si ce projet voit le jour, les revenus iront à
une œuvre de charité ; le but n’est pas d’exploiter
le filon. Donc effectivement, il se pourrait que je fasse cela,
mais je n’ai pas encore commencé. Et ce ne sera certainement
pas mon prochain projet. J’aimerais m’éloigner
quelques temps du monde de Harry avant de le commencer. Il me manque.
Ce monde me manque vraiment. Mais cela vaut mieux. C’est comme
un divorce : mieux vaut ne pas se voir pendant un moment, afin de
pouvoir être amis plus tard.
Q :
En l’honneur du festival international des auteurs, étant
donné le nombre d’auteurs qui ont écrit des
livres pour enfants et pour adultes, j’étais curieuse
de savoir qui serait l’auteur préféré
de Harry ? De Ron ? D’Hermione ?
J.K. Rowling
: Et bien, je pense que pour Hermione ce serait Margaret Attwood.
[ils rient tous] Soyons honnête, nous savons tous que Harry
ne lisait pas beaucoup, sauf quand il y était obligé.
[rires] Donc pour être totalement honnête, choisir un
auteur pour Harry ou Ron serait vraiment tirer sur la corde, ça
reviendrait à faire mon Hermione plutôt que refléter
véritablement leur goût littéraire. Désolée.
Q :
La dernière fois que vous êtes venue ici, c’était
avant le tournage du premier film Harry Potter, et vous aviez exprimé
votre inquiétude à ce sujet. Quel a été
selon vous le succès… la clé du succès
de l’adaptation de vos livres au cinéma ?
J.K. Rowling
: Et bien, à vrai dire, je suis très fière
que nous ayons réussi à conserver un casting entièrement
britannique. Je pense que cela apporte un certain ton aux films
qui assure leur authenticité et leur lien aux livres. Ils
sont également tournés en Grande-Bretagne… enfin,
cela est plus lié à la grandeur de l’industrie
cinématographique britannique qu’à la fidélité
de l’adaptation, donc j’en suis fière. Avant
tout, et c’est une chose vraiment merveilleuse, Dan, Rupert
et Emma, qui interprètent les trois personnages principaux,
ont vraiment grandi en tant qu’acteurs, je pense que tous
ceux qui regardent les films seront d’accord sur ce point.
Je les adore, j’ai un peu l’impression d’être
leur marraine. C’est une expérience vraiment merveilleuse.
Q :
Pour en revenir à la révélation concernant
Dumbledore, je comprends que c’est votre personnage et que
vous vous êtes contentée de répondre à
la question qui vous était posée, mais je suppose
que je suis curieux de savoir pourquoi vous n’en avez pas
fait mention dans le livre ? Pourquoi ne pas en avoir parlé
dans le livre, lorsque vous l’avez commencé ?
J.K. Rowling
: Parce que c’est… je pense que c’est évident.
Il est… L’histoire est ce qu’elle est, et il a
effectivement eu cet engouement plutôt tragique, mais c’est
un élément-clé de la fin de l’histoire.
Alors, pourquoi aurais-je dû inclure un élément-clé
de la fin de mon histoire dans le premier livre ? On parle là
de la construction de l’histoire. Ce n’est pas…
Elle est telle qu’elle est.
Q :
Pourquoi pas plus tard, dans ce cas ?
J.K. Rowling
: Qu’est-ce que vous voulez dire ?
Q :
Pourquoi pas dans le tome 5, 6 ou 7 ? Pourquoi ne pas le révéler
dans le livre ?
J.K. Rowling
: Parce que si vous étiez un écrivain, vous comprendriez
que quand vous écrivez la fin, elle vient à la fin.
[tous rient]
Q :
Donc la fin a été révélée publiquement
lors de la conférence de presse ?
J.K. Rowling
: Pas du tout. Non. Ce n’était pas une conférence
de presse, c’était une question d’un fan à
laquelle j’ai répondu, et… Pourquoi est-ce la
fin du livre ? Dans le livre il avait… c’est évident,
dans le livre, qu’il avait… un enfant y verra une amitié,
et je pense qu’un adulte sensible pourra peut-être comprendre
que c’était de l’amour. Je savais que c’était
de l’amour.
Interview traduite par Jessica.
Version originale disponible sur le site d' Accio
Quote.
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