Interview
de J.K. Rowling, Stephen King et John Irving, le 01 août 2006,
à New York
Pour des
raisons de longueur, seuls les passages liés à J.K.
Rowling ont été traduits ; les commentaires et les
questions posées à Stephen King et John Irving ont
quant à eux été laissés de côté.
Présentateur : Mesdames et messieurs, veuillez
accueillir s’il vous plaît, la gagnante des Oscar, Emmu,
Tony et Grammy, une star de films basés sur de célèbres
romans tels que La Couleur Pourpre, Sister Act et Sister Act 2,
Whoopi Goldberg ! (la foule crie).
Whoopi
Goldberg : Bienvenue à Une soirée avec Harry,
Carrie et Garp (la foule crie encore). Ce soir, sur la célèbre
scène de Radio City Music Hall, ce célèbre
lieu de spectacle de notre nation, nous vous avons apporté
trois des plus légendaires écrivains. Stephen King,
J.K. Rowling (la foule crie) et John Irving. Ces trois écrivains
fantastiques, trois conteurs inégalés, trois phénomènes
distincts, avec chacun une industrie qui leur est propre.
Ces trois écrivains
sont des forces de la nature égales ou supérieures
à n’importe quel évènement surnaturel
que vous pouvez trouver dans leurs livres (la foule rit). Ecoutez,
j’ai lu chaque livre de ces trois écrivains, et je
ne peux pas (hurlements de la foule) – car avec un livre,
votre esprit vous transporte dans une aventure, et l’écrivain
vous montre le chemin. Et je peux entendre beaucoup d’enfants
dans le public. Et j’en suis si heureuse (la foule crie) –
je suis si heureuse que vous soyez là. Je suis heureuse que
les enfants veuillent entendre une lecture d’écrivains.
C’est vraiment sympa. Et vos parents sont d’accord aussi
(rires de la foule). Merci, mes chéris !
Harry, Carrie et Garp.
Quelqu’un aurait peut-être dû les réunir
il y a longtemps. Vous savez, si l’un de ces garçons
de Poudlard, avait invité cette pauvre fille (rires de la
foule) – vous savez, celle de la promo – (la foule rit
encore) si quelqu’un avait simplement donné un rendez-vous
à cette pauvre enfant, beaucoup de gens se seraient épargné
du chagrin. C’est juste une idée comme ça, vous
savez.
Cette nuit est historique.
Jamais auparavant un tel rassemblement de stars de la littérature
n’avait eu lieu sur une scène unique. En fait, vous
savez qu’ils étaient en coulisse, à parler entre
eux, sagement. J’essayais de les écouter mais je ne
pouvais rien entendre (rires de la foule). Mais ce que j’ai
vérifié par les gestes de main (des vagues de mains
s’élèvent, désordonnées) et des
choses comme ça, c’est qu’ils travaillent de
concert (rires de la foule). Je ne suis pas une commère alors
ne m’écoutez pas, mais je pense que le jeune Harry
Potter a jeté un sort sur son professeur, qui est un gnome
d’âge moyen, et qu’ils ont une relation très
chaude et tout ça. Et pendant le retour vers Exeter, ils
se perdent et trébuchent sur une bouche de l’enfer
(la foule rit). Et c’est alors qu’ils sont poursuivis
par un groupe entier de loups télépathiques. Et je
ne veux pas dévoiler la fin, mais elle vous fera rire et
pleurer, l’enchantement vous titillera et enfin supprimera
carrément votre corps. Elle soufflera votre [inaudible].
Cette soirée
intime avec ces écrivains ne serait pas possible sans vous.
Leurs plus proches fans. Six mille d’entre vous êtes
là ce soir. Nous avons trois fan clubs rassemblés
sous ce toit. C’est très étonnant. Il y a plein
de fans de J.K. Rowling (la foule crie). Et je pense que je sais
pourquoi tous les fans de Harry Potter crient. C’est parce
que tous les fans de Stephen King leur chuchotent que Harry va mordre
(rires et huées de la foule). Et c’est étonnant
de voir le nombre de fans de Stephen King présents ici, ce
soir (la foule crie). Vous savez quoi, il y a des millions de personnes
comme nous dans tout le monde. Mais nous sommes rarement réunis
car beaucoup d’entre nous sommes des solitaires endurcis (rires
de la foule). Et les fans de John Irving sont en pleine forme (la
foule crie). Vous savez, John est réputé pour écrire
sur des femmes fortes (les femmes crient)/ Et peut-être que
c’est pourquoi les femmes l’aiment tant. Il n’a
pas encore beaucoup de femmes noires mais je vais y travailler (rires
de la foule). Mais la dernière fois que je l’ai vu,
il y a 10 minutes dans les coulisses, il parlait vraiment de cela.
(rires de la foule).
Mais la vérité,
c’est que cette soirée est un hommage à vous
tous. Alors joignez vos doigts et vos mains et applaudissez-les
chaleureusement (la foule applaudit). Car dans cette pièce
– dans cette pièce sont présents les meilleurs
lecteurs du monde et si cette soirée ne prouve rien d’autre,
au moins elle prouve que la lecture (la boucle d’oreille de
Whoopi Goldberg tombent et toute la foule rit) – est-ce que
c’est toute mon oreille qui vient de tomber, ou juste ma boucle
d’oreille ? (la foule rit). C’est ce genre de soirée.
Mais la vérité sur la nature de cette soirée
– (la foule rit) sur ce que cette soirée signifie pour
chacun, c’est que la lecture est toujours vivante et en bonne
santé (la foule crie). Nous avons prouvé ce qui arrive
quand de grands livres tombent entre les mains de grands lecteurs,
nous voulons tous en parler.
La lecture est toujours
vivante et en bonne santé à cause du prix du gaz qui
atteint 400 dollars le gallon. Lire un livre fantastique est le
seul moyen que la plupart des gens peuvent se permettre pour voyager
maintenant. La lecture est vivante et en bonne santé car
à cause de la vague de chaleur de ces semaines, plus de gens
que – ha ha, quoi ? – plus de gens que jamais s’assoient
sur les plages et brûlent à travers les bestsellers.
Une seconde, je vais enlever mes boucles d’oreilles. Et merci
au réchauffement climatique… (Whoopi fait une drôle
de figure et fixe le teleprompter et la foule commence à
rire). Quelquefois vous devez simplement sauter des trucs, vous
voyez ce que je veux dire ?
En fin de compte, (la
foule rit et crie). La lecture est vivante et en bonne santé
car ce soir nous exploitons son impressionnante puissante au profit
de deux causes brillantes. Des causes tellement chères aux
auteurs de ce soir. La première est Haven Foundation. Dont
le but est d’aider les écrivains et les artistes qui
souffrent d’une maladie grave ou d’un accident et qui
ne peuvent plus survenir à leurs besoins (la foule applaudit).
Et l’autre est Médecins Sans Frontières. C’est
une organisation humanitaire médicale qui délivre
des soins d’urgence et de l’aide à des endroits
où des gens en ont un besoin urgent. Vous pouvez être
fiers du fait que les revenus réalisés par l’achat
des billets seront investis dans ces causes. Car elles sont si importantes
que les vendeurs de billets au noir de la 6th Avenue ont décidé
de donner deux ou trois dollars (rires de la foule).
Donc avec de grands
auteurs, de fantastiques lecteurs et des causes qui en valent la
peine, nous ouvrons cette toute première « Soirée
avec Harry, Carrie et Garp ».
[…]
Jon
Stewart : […] J’ai l’honneur de présenter
la vidéo de J.K. Rowling (Raowling) – la foule : ROWLING
LIKE BOWLING ! – Prononcez-le comme vous voulez. Je lui parlais
en coulisse et elle me disais, « Dis Rowling (Raowling) car
la foule hurlera Rowling, » et ils auront tord (rires de la
foule).
Ma femme Jay ( ?) –
silence.
Pourquoi suis-je ici
? J’ai des enfants, j’en ai deux. Et la plus jeune est
une petite fille, elle a cinq mois. Et elle est prête pour
le dernier livre Harry Potter depuis plus de trois mois. Elle nous
manque terriblement. Mais je veux ce satané livre (la foule
rit, crie et applaudit). Mon fils a deux ans et il est né
avec une cicatrice en forme d’éclair. En fait c’est
faux mais vous seriez impressionné de savoir que si vous
le faites chaque nuit avec votre ongle de pouce (il dessine une
cicatrice en forme d’éclair avec son ongle de pouce
et la foule hurle et rit), après quelques temps il semblera
être né avec une cicatrice en forme d’éclair
(la foule continue de rire de manière hystérique).
Ce qui est remarquable
à propos de Jo, c’est sa capacité à transporter
les gens dans son univers qui est de plusieurs manières universel
et pourtant absolument unique. J’attends avec impatience chaque
épisode. J’admire cela. Je devrais être assis
ici, avec vous. Donc s’il vous plaît, regardez cette
vidéo.
(la vidéo sur
J.K. Rowling est mise en route, avec des extraits des films, de
« Harry Potter and Me » de la BBC, « The Richard
and Judy Show », « Saturday Night Live », «
The Today Show » et « BBC Newsnight ».)
(JK Rowling entre au
milieu de la musique, des applaudissements bruyants et des cris
encore plus bruyants)
La
foule : Joyeux anniversaire Jo !
J.K.
Rowling : Ce qui est bien ce soir, c’est qu’il
n’y a pas de pression (la foule rit). Vous savez, c’était
sympa de la part de Steven et John de me prévenir (la foule
rit). [Inaudible] Mais j’ai les meilleures chaussures (la
foule hurle et applaudit).
Hum, je vais lire pour
vous un passage du livre Harry Potter le plus récent (la
foule crie). Et après ma lecture, je répondrai à
quelques questions. Mon expérience me dit que mes lecteurs
veulent – ils veulent vraiment me torturer pour avoir des
informations. Mais Radio City Hall pensait que ce n’était
pas permis. Donc je me contenterai de demander à deux ou
trois personnes de poser leurs questions [inaudible] réponses.
Mais avant cela, je
vais lire un court passage dans lequel Harry Potter remonte le temps
pour voir un autre célèbre orphelin de Poudlard découvrir
qu’il est également un sorcier. Donc Harry et le Dumbledore
du présent suivent le jeune Dumbledore pendant qu’il
va vers un orphelinat pour dire à un des orphelins qu’il
a une place à Poudlard.
(J.K. Rowling
lit son passage du chapitre 13 de Harry Potter et le Prince
de Sang-Mêlé)
J.K.
Rowling : Nous avons quelques questions maintenant.
Nina
: Je voulais simplement savoir ce que verrait Hermione si elle contemplait
le Miroir du Riséd ?
J.K.
Rowling : Eh bien… (Jo fait une grimace et roule
des yeux, la foule rit et applaudit) Pour le moment, comme vous
le savez, Harry, Ron et Hermione viennent juste de terminer leur
avant-dernière année à Poudlard et Ron et Hermione
ont déclaré à Harry qu’ils le suivraient,
où qu’il aille. Alors, pour l’instant, je pense
qu’Hermione les verrait tous les trois sains et saufs, et
Voldemort vaincu.
Mais je pense qu’elle
se verrait également étroitement enlacée…avec…quelqu’un
d’autre (la foule crie et applaudit). Je pense que vous aurez
sans doute deviné de qui il s’agit. Merci, c’était
une très bonne question. On ne me l’avait jamais posée
avant. Une autre maintenant.
Inconnu
(1) : Les Moldus peuvent-ils préparer une potion s’ils
suivent les instructions exactes et qu’ils ont tous les ingrédients
?
J.K.
Rowling : Eh bien, je devrais dire non, parce que c’est
toujours…Il y a un composant magique dans la potion, en plus
des ingrédients. A un moment donné, on doit utiliser
une baguette. On m’a demandé ce qui se passerait si
un Moldu volait une baguette magique, et la réponse est qu’il
se produirait sans doute un accident…probablement assez violent.
Parce qu’une baguette, dans mon univers, est un simple vecteur,
un moyen d’accès vers ce qui existe à l’intérieur
de la personne. Il y a une relation très étroite –
comme vous le savez – entre la baguette qu’un sorcier
utilise, et le sorcier lui-même. En fait, vous en saurez plus
à ce propos dans le tome 7 (la foule applaudit).
En d’autres termes,
les Moldus ont besoin de la capacité de faire fonctionner
tout cela correctement, mais vous avez raison, et je pense que c’est
un point intéressant. Les Potions semblent, de prime abord,
la matière la plus proche des Moldus. Mais il arrive un moment
où vous ne pouvez plus vous contenter de remuer. Merci, bonne
question.
Inconnu
(2) : Pour commencer je voudrais vous souhaiter, un peu en retard,
un joyeux anniversaire !
J.K.
Rowling : Oh, merci !
Inconnu
(2) : Dans une interview récente vous avez dit que Rogue
–
J.K.
Rowling : (d’un ton machiavélique) Rogue !
Inconnu
(2) : Ha ha (la foule applaudit et crie) – que Rogue avait
une capacité de rédemption, et je me demandais s’il
y avait une quelconque chance que Drago Malefoy puisse lui aussi
se racheter ?
J.K.
Rowling : Oh, les filles et Drago Malefoy ! (Elle secoue
la tête, la foule applaudit). Vous devez passer à autre
chose.
Inconnu
(2) : Et n’importe quel autre personnage peut-il se racheter
?
J.K.
Rowling : Eh bien, je pense que presque tout le monde peut
se racheter… Cependant, dans certains cas, comme on le sait
- si un psychologue pouvait enfermer Voldemort dans une pièce,
le maîtriser et lui prendre sa baguette, je pense qu’il
le classerait parmi les psychopathes (la foule rit). Donc il y a
des gens pour qui, quelle que soit la façon dont vous appelez
cela – schizophrénie ou maladie – pour qui la
rédemption n’est pas possible. Ils sont rares.
Je dirais donc qu’une
possibilité de rédemption existe pour chacun de mes
personnages. Drago, je pense – du point de vue de Harry, même
s’il avait eu tout le temps qu’il voulait, il n’aurait
pas tué - je suppose que vous avez tous fini le livre 6 maintenant
(la foule rit) - car je ne veux pas dévoiler cela à
un enfant qui n’a plus que cinq pages à lire (ils doivent
être plongés dans le coma encore quelques temps) –
Harry croit que Drago n’aurait pas tué la personne
en question. Qu’est-ce que cela signifie pour l’avenir
de Drago ? Nous devons simplement attendre de voir.
Samantha
: Dans le monde sorcier, il y a plusieurs fabricants de baguettes,
Ollivander est celui que nous connaissons le mieux. Comment Ollivander
en vient-il à choisir la plume de phénix, le crin
de licorne et le nerf de cœur de dragon comme éléments
qu’il place dans les baguettes qu’il crée ? Et
comment fait-il pour décider que ces trois éléments
sont les plus puissants, comparé aux autres éléments
comme les cheveux de Vélane ?
J.K.
Rowling : Bonne
question. Eh bien, il est vrai qu’il existe plusieurs fabricants
de baguettes dans mes notes, j’ai toutes sortes d’éléments
magiques pour baguettes. Pour résumer, j’ai décidé
qu’Ollivander allait utiliser mes trois favoris. Ollivander
a donc décidé que ces trois substances étaient
celles qui avaient le plus de pouvoirs. Les autres fabricants pourraient
choisir des substances typiques de leur pays, car, dans mon univers,
les pays ont chacun leur particularité magique. Les cheveux
de Vélane correspondaient donc parfaitement à la baguette
de Fleur. Mais hum, oui, bonne question. On ne me l’avait
jamais posée. (la foule applaudit).
Todd
: Vous avez mentionné dans la vidéo que vous aviez
écrit le dernier chapitre, mais hum, comment savez-vous quand
vous devez vous arrêter d’écrire la fin ?
J.K.
Rowling : Comment je sais quand je dois m'arrêter
?
Todd
: Comment savez-vous quand vous devez vous arrêter, oui ?
J.K.
Rowling : Eh bien, je pense que certaines critiques du
Phénix suggéraient que je ne savais plus quand m'arrêter,
ha ha ! (la foule rit). Eh bien, j'ai décidé il y
a 16 ans (environ) où j’allais. Et je dirais, j’ai
déjà écrit une bonne partie du tome 7, maintenant.
Et il y a encore beaucoup à expliquer. Je n'avais pas vraiment
réalisé... Il y a encore beaucoup à découvrir,
et je laisserai probablement des questions sans réponse de
manière à ce que vous puissiez vous dire, «
Oh, oui, dans le tome huit, elle expliquera pourquoi » (la
foule crie pour acquiescer). " Vous avez mentionné le
crapaud !" Ceci n’est pas important, de toute façon
– simple précision pour ne pas recevoir 500 lettres
! « Vous avez mentionné le crapaud ! »
Oui, mais je sais où
je vais, je sais vraiment où aller. L'écriture d'Harry
Potter va me manquer ; ça me manquera vraiment. « [Le
tome] 27 ? Une idée pour le 27 ? (la foule rit). Non, j’ai
prévu toute l’histoire, et je pense que vous vous apercevrez
que je manquerais d'intrigue si je continuais (la foule applaudit).
Stephen
King : Nous voudrions répondre à quelques
questions supplémentaires et je voudrais vous demander d’accueillir
le modérateur qui va [incompréhensible] son nom est
Soledad O’Brien.
Soledad
O’Brien : Une soirée incroyable, incroyable.
Je voudrais recueillir quelques questions supplémentaires
du public. Et les réponses de nos auteurs. Pour commencer,
merci à chaque personne qui a écrit une question aux
auteurs. Nous en avons reçues plus de 1000 en tout. De ces
1000 questions nous n’avons pu en sélectionner que
12 et nous avons invité les 12 chanceux à s’asseoir
ici, près de l’estrade, et près du microphone.
Vous en avez déjà rencontré 4 d’ –
5 d’entre eux il y a un instant. Nous voulons écouter
maintenant ce que les 8 autres ont à demander à Stephen
King, John Irving et J.K. Rowling. Alors commençons.
[…]
Inconnu
(4) : Vous êtes l'un des premiers auteurs à être
devenu célèbre à l’époque d'internet,
de quelle manière les communications en ligne et les interactions
avec les fans ont influencé votre expérience d'écrivain,
par rapport aux auteurs du passé ?
J.K.
Rowling : Vous devez vraiment vous empêcher, quand
vous vous battez pour des idées, d'aller sur Amazon et lire
les mauvaises critiques. C'est une sorte de masochisme. Vous faites
défiler toutes les personnes qui écrivent de gentilles
choses sur vous, jusqu’à ce que vous aperceviez une
étoile. Vous devez vraiment vous retenir de faire cela.
Pendant longtemps je
n'ai jamais regardé. Les gens me demandaient souvent, «
Regardez-vous quelquefois les sites de fans ou lisez-vous ce que
les gens écrivent sur internet ? » Je disais la vérité,
je répondais non.
Et un après-midi
où je m’ennuyais, j'ai tapé sur Google "Harry
Potter. « Oh ... mon... Dieu. Je n'avais PAS idée.
Les guerres entre supporteurs de telle ou telle relation entre les
personnages ? (la foule crie). Pour les personnes âgées
de plus de 18 ans qui pourraient ne pas être au courant –
car je ne l’étais pas - c’est comme une guerre
entre cyber gangs. Ceux qui voulaient que Harry et Hermione finissent
ensemble (acclamations du public)… ils sont toujours là
! Passez à autre chose ! Et ceux qui voulaient que ce soit
Hermione et Ron (acclamations du public). Et il y a des couples
très bizarres aussi, mais nous n’en parlerons pas.
Un
membre de la foule : Harry/Voldemort !
J.K.
Rowling : Oui, exactement. Alors j'imagine que Jane Austin
avait eu un peu moins de réactions sur ce sujet (rires de
la foule). Mais globalement, je pense que c'est une chose excitante,
que les lecteurs soient capables de partager - des groupes de lecture
sur internet. C’est quelque chose d’intéressant,
d’excitant – si on l’utilise prudemment (la foule
rit et applaudit). ...
[…]
Soledad
O’Brien : La dernière question de la soirée
vient d’un père et de sa fille. C’est un commentaire
suivi d’une question. Gregory et Catherine Berstein de Sherman
Oaks, en Californie (la foule applaudit).
Gregory
Bernstein : Ma fille a une question pour J.K. Rowling. Et j’ai
un commentaire. Je me rappelle en 1998, quand ma fille a appris
pour la première fois à lire et a pris conscience
du monde autour d’elle, alors que le phénomène
culturel qui dominait en Amérique et qui captivait les enfants
était les Spice Girls et les Tortues Ninja (la foule rit).
Puis Harry Potter est arrivé, et toute une génération,
dont ma fille, a appris à aimer la lecture, a appris à
aimer les personnages que vous avez créés, a appris
à aimer imaginer, et a appris à apprécier l’écriture.
Et en plus vous lui avez donné un modèle formidable
en la personne d’Hermione – intelligente, studieuse
(la foule applaudit et crie), humaine, et compatissante. Alors pour
tous les grands personnages et les modèles que vous avez
créés, et pour tout l’amour de la lecture que
vous avez encouragé, et pour toute l’imagination que
vous avez inspirée, moi-même et tout un tas de parents,
nous vous sommes vraiment reconnaissants, donc en tant que parent,
je voulais simplement vous remercier (acclamations et applaudissements
massifs).
Catherine
Bernstein : Quand vous avez commencé à écrire
et à faire face aux rejets, avez-vous pensé à
abandonner ? Et si vous l'aviez fait, que pensez-vous que vous feriez
aujourd'hui ? (la foule rit).
J.K.
Rowling : Eh bien, il y a eu beaucoup de rejets, mais ils
étaient rassemblés dans une période assez courte.
Puis j’ai eu un agent lors de ma seconde tentative, ce qui
est assez étonnant, mais ensuite j’ai dû attendre
deux ans avant qu’un éditeur l’accepte. Peut-être
un peu moins, mais j’ai dû attendre sûrement deux
ans avant que l’accord ne soit vraiment officiel et que je
commence à écrire. Et durant cette période,
ai-je voulu abandonner ? Non, sincèrement, parce que je croyais
vraiment en cette histoire, je l’aimais vraiment.
Iris Murdoch, qui est
un écrivain britannique, aujourd'hui décédé,
a dit autrefois : "L'écriture d'un roman ressemble au
mariage. Vous ne devriez jamais vous engager jusqu’à
ce que vous n’en croyiez pas votre chance". Et je n’en
croyais pas ma chance d’avoir eu cette idée et j'étais
déterminée à insister jusqu'à ce que
le dernier éditeur m'ait rejetée. Ce qui , à
un moment, semblait possible. (la foule rit).
Aurais-je arrêté
d'écrire ? Définitivement non. Mais si je n'avais
jamais été publiée durant les 16 ans, entre
le moment où j’ai eu cette idée de Harry et
maintenant ? Je pense que je l’aurais probablement accepté,
après 16 ans… existe-t-il un écrivain qui a
réussi après 16 ans de rejet ? Il y en a probablement
un, mais je pense que vous devriez avoir une grande dose de confiance
en soi après 16 ans. Je suis sûre que j’écrirais
encore, mais j’aurais peut-être arrêté
d’envoyer mes manuscrits. Et qu’est-ce que je ferais
? J’enseignerais. C’est ce que je faisais. (la foule
applaudit).
Soledad
O’Brien : Je veux tous vous remercier pour vos questions,
et évidemment merci à chacun d’entre vous d’avoir
participé à cette incroyable soirée. Merci
(la foule applaudit et crie).
Stephen
King : De la part de mes collègues, je veux vous
dire que c’était une nuit magique pour nous, d’être
capable de remplir le Radio City Music Hall au profit de deux merveilleuses
œuvres de charité. Pas avec des guitares mais avec des
lecteurs de livres (la foule crie et applaudit). Merci à
tous les présentateurs, merci à John Irving, et merci
à Jo Rowling (la foule applaudit bruyamment).
Interview traduite par Phénix,
Babushka, Pégase
et Jessica.
Version originale disponible sur le site d' Accio
Quote.
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