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Harry Potter
et ses disciples
Les aventures du jeune apprenti sorcier ont suscité des centaines
de milliers de « suites » plus ou moins réussies, qui circulent
sur le net. Et révélé peut être quelques futurs écrivains.
Emoi, fin juillet chez les fans de Harry Potter. Moins de quinze
jours après la parution en Grande-Bretagne du très attendu sixième
volume, « Harry Potter et le prince du sang mêlé » , un journal
américains, le « Watley Review »,annonçait déjà la sortie en librairie
d'une version corrigée de celui-ci. Une groupie déçu, Mary Sue Pembroke,
aurait récrit le livre en y incluant une romance entre Harry et
une étudiante américaine de passage dans son école de sorcier.
Il s'agissait d'un canular. On n'allait pas sortir un tome apocryphe
des aventures du sorcier le plus célèbre du monde. Mais ce canular
s'appuyait sur une réalité : sur Internet des milliers de nouvelles
rédigées par les lecteurs de « Harry » poursuivent les aventures
du héros créé par J.K. Rowling. Appelées fanfictions, ce sont des
récits écrits par des amateurs d'une série télévisée, d'un film
ou d'un livre qui utilisent les univers et les personnages de l'ouvre
originale. Ce genre littéraire n'est pas nouveau. Les admirateurs
des romanciers Jane Austen ou Lewis Carroll s'y adonnaient via des
fanzines dans les années 1920 , suivi cinquante ans plus tard par
ceux de « Star Trek » et de « Star Wars ».Mais Internet sort ce
genre de hobby de la confidentialité. Les auteurs peuvent faire
désormais faire partager leurs productions aux fans du monde entier.
Symbole de cette explosion, « Harry Potter ».fanfiction.net archive
près de 201 389 « suites pottériennes » sans compter les sites qui
lui sont uniquement comme fictionalley.org où se trouvent plus de
90 000 histoires. Avec 77 000 membres, adolescents, trentenaires
ou retraités, c'est la plus grande communauté Harry Potter du web.
Ces scribouillards du virtuel (leurs travaux peuvent atteindre 600
pages et ils y consacrent parfois une trentaine d'heures par semaines
!) spéculent sur les tomes à venir, la vie sentimentales des héros,
à moins qu'ils ne récrivent la saga !
Heidi Tandy explique ce succès par la facilité du passage à l'acte.
»Plus qu'une ambition littéraire, ce sont les aventures de Harry
qui poussent à écrire. Elles sont si fascinantes qu'il ne suffit
pas de les lire, il faut aussi y participer. »
Ainsi beaucoup, comme Cassandra Claire, auteur d'une fan fiction
les plus populaires du net - sa trilogie « Drago » a attiré plus
de 30 000 connexions par chapitre-, se sont lancé dans l'aventure
par hasard. « Je voulais faire un cadeau à une amie qui m'avais
demandé de réfléchir à un scénario bien précis : un cour de potion
tourne mal et Harry comme son ennemi, Drago, se retrouvent prisonniers
du corps de l'autre. Ce qui m'a touché c'est la relation intime
qui se noue entre l'auteur et son lecteur. Certains m'avouaient
même que mon histoire les avait aidés à surmonter une période difficile.
»
Une ferveur que rien ne semble menacer. Contrairement à sa consoeur
Anne Rice, qui exigea le retrait des textes se rapportant à sa série
« Lestat le vampire », J.K. Rowling soutient ce déluge créatif :
« c'est formidable que Harry ait encouragé des gens à écrire. »
Le mouvement commence à faire tache d'huile dans le monde de l'édition.
Quelques « fanficiers » ont décroché des contrats. Cassandra Claire
a signé chez Simon & Schuster, l'un des plus grand éditeur américains
pour y développer une trilogie (1) narrant les aventures de Clary,
une New-yorkaise ordinaire qui découvre un monde de démons, leurs
maîtres magiciens et des chasseurs qui les combattent. Pionnière
peut-être d'une génération d'écrivains internet suscitée par ce
sorcier qu'est décidément Harry Potter.
(1) « City of Bones » « City
of Blood » , "City of Glass"
Merci à Vive les jumeau!! pour
la retranscription.
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