Les remparts peuvent ressembler
à ceux de l’école de sorcellerie Poudlard, mais
c’est vraiment l’ancien château d’Edinburgh
(Ediborough). Nous sommes en Ecosse, patrie de J.K. Rowling, auteur
de l’histoire qui a gagné le monde entier : Harry Potter.
Ses livres sur le jeune sorcier ont été vendus à
plus de 200 millions d’exemplaires et ont fait de Rowling
une personne plus riche que la Reine d’Angleterre. Dans seulement
quelques heures, « Harry Potter et l’Ordre du Phénix
» va être vendu, beaucoup de librairies vont ouvrir
leurs portes à minuit, en espérant que le cinquième
conte filera plus vite qu’un Nimbus 2000. Les fans ont attendu
trois longues années depuis le dernier épisode. Donc,
pourquoi tant de temps ? Dans un interview exclusif J.K. Rowling
dissipe quelques mythes révèle certains secrets sur
son monde magique et mystérieux.
Appelez-les tous Moldus
– c’est le “langage Potter” pour les non-sorciers
parmi nous. C’est le livre pour enfant LE PLUS IMPATIEMMENT
attendu de tous les temps, et minuit ce soir est une heure magique.
« Harry Potter et l’Ordre du Phénix » est
la suite de la saga d’un jeune sorcier à la cicatrice
en forme d’éclair – et des lecteurs de tout âge
mouraient d’envie de savoir ce qui allait se passer.
Un jeune garçon:
“Je pense que Voldemort va revenir.”
Un homme : « Il va probablement y avoir une tragédie
quelque part… »
Une femme : « … et de l’amour… »
L’homme : « … et de l’amour, oui. »
Une jeune fille : « Je pense que Voldemort va peut-être
mourir, et Harry Potter pourrait devenir le directeur de l’école.
»
Je me demande ce que le
professeur Dumbledore dirait de cela? Des secrets plus profonds,
des pouvoirs plus s, de la magie plus forte. « Donc nous avons
décidé d’aller droit à la source –
l’auteur qui a lancé son sort sur nous autres, simples
moldus : J.K. alias Jo Rowling.
JKR lit des passages de son livres :
Dumbledore baissa ses mains et regarda Harry à travers ses
lunettes en forme de demi-lune.
« Il est temps », dit-il, « pour moi de te dire
ce que j’aurais dû te dire il y a cinq ans, Harry. S’il
te plaît assied-toi. Je vais tout te dire.
Katie Couric : « Dun, dun, dunnnn… »
Rowling : “... Dun,
dun, duuuuh... ha, ha“
Aussi émoustillant qu’est cette ligne du nouveau livre,
je comptais en tirer un peu plus. Pour être franche, je sentais
que ma mission était de faire en sorte que Rowling dévoile
ses dragées de Bertie Crochue.
Katie
Couric : « Pouvez-vous m’en dire un peu plus sur ce
livre, ou devrez-vous me tuer ? »
Rowling : « [rires]
Je devrai vous tuer. Mais, vous savez, si vous êtes prête
à courir ce risque. »
Restez à l’écoute, car elle nous donne certains
indices plus tard, mais il y a une bonne raison pour que Jo Rowling
garde tellement fermé sa chambre des secrets. Durant les
derniers mois, de faux chapitres ont circulé sur Internet
et un employé d’une imprimerie britannique a été
pris en train de tenter de vendre des pages volées. Garder
le secret est crucial pour la campagne marketing de plusieurs millions
de dollars. Il aurait donc été inquiétant que
le chaudron puisse baver. Mais bien sûr, étant une
journaliste talentueuse, j’ai réussi à poser
des questions si rusées, qu’elle n’a eu d’autres
choix que de bavarder.
Couric
: « Pouvez-vous simplement me dire en gros ce qui arrive à
Harry dans ce livre ? C’est une question précise. »
Rowling : « Oui,
c’était vraiment coupé au scalpel. Il a un moment
vraiment dur dans ce livre, je dirais. »
Couric
: « Traverse-t-il la puberté ? »
Rowling : « Oui.
Il est plus en colère. »
Couric
: « des boutons ? Il a des boutons ? »
Rowling : « Non,
il n’en a pas. J’imagine Harry avec une belle peau.
C’est la seule chose qui marche pour lui, grâce à
Dieu. Je veux dire, des boutons en plus de tout le reste, ça
serait trop horrible pour lui. Et il, oui, il va traverser certains
moments typiques du passage de l’adolescence. »
Couric
: « Un rancart avec Hermione ? »
Rowling : (les sourcils
légèrement froncés) « Hermione et Harry
! Le pensez-vous vraiment ? »
Couric
: « Non, je plaisante »
Rowling : « Ron et
Hermione, je dirais, ont plus de potentiel (à moins qu’elle
ne dise tension) là-dedans.(A/N : je sais qu’il s’agit
d’une phrase cruciale, mais j’ai eu du mal à
l’entendre – elle marmonne un peu cette phrase. C’est
ma meilleure interprétation ! De toute manière, partout
dans le monde les shippers R/H grimacent un sourire !)
Couric
: on pourrait probablement expliquer « rancart » par
« embrasser »
Rowling : « Oui »
Couric
: « De peur que les gens ne pensent à autre chose !
[shagging]"
Rowling : « De peur
que les gens ne pensent que vous ne parliez de choses complètement
inappropriées. »
L’histoire sur la façon dont JK Rowling a donné
naissance à Harry Potter est elle-même devenue une
légende. Elle avait l’habitude de promener sa fille
Jessica dans sa poussette jusqu’à ce qu’elle
soit fatiguée, puis de plonger au Nicolson’s Café
et d’écrire pendant que son bébé dormait.
A ce moment, elle était une mère célibataire
vivant grâce aux allocations. Mais maintenant, cinq ans et
cinq livres plus tard, elle est remariée, a un nouveau bébé,
et sa fortune est estimée à environ 500 millions de
dollars. Oh, et au fait, Nicholson’s Café, c’est
aujourd’hui un restaurant chinois.
Rowling : « C’est
vrai. J’étais vraiment au plus mal, et je sais ce qu’on
ressent d’être dans cette situation, de la vivre quotidiennement
et de ne pas savoir que cela va changer. C’est le point crucial.
Je ne pouvais pas voir de lumière au bout du tunnel, et tous
les jours, je suis reconnaissante d’avoir de la nourriture
dans le frigidaire, de ne pas avoir à me soucier des factures,
de pouvoir fournir à Jessie des vêtements et c’est…
oui, je suis reconnaissante chaque jour.
Couric
: « Y a t-il quelque chose qui vous manque, Jo, maintenant
que vous êtes si connue, en pleine forme et célèbre
? »
Rowling : « Oui,
il me manque l’anonymat. Je l’ai complètement
perdu. »
En Europe, elle est plus reconnue qu’aux Etats-Unis et à
certains moments, elle souhaite s’envelopper dans une de ces
capes d’invisibilité.
Couric
: « Quel genre de choses vous dit-on, par exemple quand vous
faites votre marché, ou quand vous vous promenez, ou…
»
Rowling : « Normalement,
ils commencent par, « C’est vous, n’est-ce pas
? » Je ne pense pas avoir un physique vraiment distinctif,
donc très souvent si vous êtes au supermarché
vous commencez au rayon des pommes et là vous voyez quelqu’un
qui a l’air de penser « hmmm ça pourrait être
elle », et puis vous allez un peu plus loin, près des
yaourts, et là ils pensent « Oui c’est elle »
et ils ont un enfant avec eux et l’enfant dit « maman,
maman, c’est elle ». Puis vous allez au rayon du papier
toilette, vous recherchez votre marque préférée,
et c’est là qu’ils vous abordent, toujours. »
Couric
: « Avez-vous déjà eu ça en achetant
des Tampax ? »
Rowling : « Toujours.
Oui, ça m’est arrivé l’autre jour. Je
me tenais là, avec la boite dans la main – Oui bien
sûr je vais vous signer des autographes. Puis-je d’abord
poser ça dans mon cadi ? »
Couric
: « C’est toujours mieux qu’avec du Kaopectale
ou quelque chose comme ça. »
Rowling : « plus
ou moins. »
Pourtant, l’auteur âgée de 37 ans déclare
que l’Ecosse lui fournit plus d’anonymat que son Angleterre
natale. Elle a déménagé en 1994, après
que son premier mariage avec un journaliste portugais a échoué.
Couric
: « Avez-vous eu des nouvelles de votre premier mari ? Je
parie qu’il est là, à se donner des claques
« mais à quoi je pensais ? »
Rowling : « Oui,
pas de commentaire sur cette question. »
Son second mariage en 2001 avec un docteur écossais, Neil
Murray (qui ressemble à Vous-Savez-Qui adulte) a été
suivi en Mars dernier par la naissance de leur premier enfant, David.
Couric
: « Est-ce qu’il a des lunettes et une petite cicatrice
sur le front ? »
Rowling : « Eh bien,
vous voyez, c’est pour ça qu’on l’a appelé
David, parce qu’il fallait lui trouver un nom qui ne rime
pas avec Harry, que je n’ai pas déjà utilisé
dans mes livres, qui n’ait absolument aucune signification
mythologique ou magique, qui ne signifie pas « celui qui ne
doit pas être nommé » en Hébreu, vous
voyez. »
Pendant ce temps, l’argent
de Rowling continue à s’amasser. Les quatre premiers
tomes de Harry Potter continuent à s’envoler des rayons
dans 200 pays, dans 55 langues différentes. Et le phénomène
a bondit hors des pages pour atteindre le grand écran. Les
deux premiers films Harry Potter ont généré
ensemble 1,8 milliard de dollars dans le monde. Mais après
avoir écrit quatre best-sellers en juste cinq ans, certains
se demandent si la longue attente pour le cinquième tome
signifiait que Rowling était en train de perdre sa touche
magique.
Couric
: « Des rumeurs sans fin et des spéculations sur ce
livre »
Rowling : « A propos
de quoi ? »
Couric
: « Ca vous a pris trois ans pour l’écrire. (JKR
: « hmm, hmm »). Les gens ont dit que vous aviez un
blocage, (JKR : « Oui »), que vous ne vous intéressiez
plus à Harry (JKR : « Oui »), que vous étiez
distraite par votre famille (JKR : « Oui ») et par votre
santé. »
Rowling : « Oui,
oui. » (rires)
Couric
: « Donc disons-le une bonne fois pour toutes, qu’est
ce qui vous a pris tant de temps ? »
Rowling : « Ah, simplement
l’écriture, c’est un gros livre, il a donc été
long à écrire. Et j’ai dit à mes éditeurs
que je ne voulais pas une limite de temps car je savais que j’avais
besoin de prendre mon temps. Donc ce n’est pas vrai que j’ai
eu un blocage, et pour ce qui est, vous savez, d’être
distraite par d’autres choses, je pense que j’aurais
été distraite bien avant cette date. Vous savez, j’ai
écrit Harry à travers à peu près trois
changements de pays, un mariage, un divorce, vous savez, la naissance
de ma fille, du chômage, du travail. Je veux dire, je ne pense
pas que gagner de l’argent va me faire changer ma voie maintenant.
»
« Harry Potter et l’Ordre du Phénix » renaît
de ses cendres avec un ensemble énorme de 896 pages. Mais
même avant sa sortie, le tome 5 pesait plus que son poids
en or de Gringott, battant le record du plus grand nombre de pré-commande
de livre de l’histoire.
Rowling : « Il y
a beaucoup de choses dans ce livre. Je peux seulement dire que j’ai
glissé certains indices dans le tome 5. Certains mystères,
certaines choses sont résolus dans le tome 5 et il y a dedans
des informations qu’il faut que vous sachiez, sinon les gens
vont se sentir trompés quand la fin arrivera. »
Couric
: « Vous disiez quand le dernier livre est sorti que la mort
d’un des personnages était, je cite, « le début
d’autres morts ». Mince !
Rowling : « Oui,
c’est bien, n’est-ce pas. Il va y avoir un bain de sang.
[rires] »
Couric
: « Chaud et confus. Qu’est-ce que ça signifie
? »
Rowling : « C’est
la guerre. En fait, une guerre a éclaté de nouveau,
et quand je parle du début de morts, je veux dire des morts
qui ont une signification réelle, je suppose, pour le lecteur.
Dans ce livre, un personnage que je considère comme majeur
meurt. C’était vraiment atroce. Et j’ai littéralement,
oui, vraiment, pleuré après l’avoir fait, et
puis… je suis entrée dans la cuisine en pleurs. Et
Neil m’a dit « Quel est le problème ? »
et j’ai répondu « Je viens de tuer la personne
que je devais tuer. » Et il ne sait pas qui c’est. Il
m’a dit « eh bien, ne le fais pas, alors ». Ce
qui montrait qu’il ne comprenait vraiment pas qu’on
doit être désagréable et vicieux envers les
personnages pour écrire un livre pour enfant qui touche leur
cœur. (KC : rires) C’est un docteur, il ne comprend pas.
Vous voyez, son truc, c’est plutôt de sauver les gens,
pas de les tuer. »
Mais la cruauté
de Rowling a suscité de vives controverses. Certains parents
ont critiqué le fait qu’elle apporte trop d’emphase
à des thèmes sombres tels que la mort. Et certains
groupes religieux sont allés plus loin en disant que ces
romans étaient potentiellement nuisibles et promouvaient
l’occultisme.
Rowling : « Je pense
que ce sont des absurdités totales. Je ne crois absolument
pas à l’occulte, je ne le pratique pas. Je n’ai
jamais… J’ai rencontré littéralement des
milliers d’enfants maintenant. Pas un d’entre eux ne
m’a dit « vous m’avez converti à l’occulte
» , pas un seul. Et je suis convaincue que si c’était
ce que mes livres faisaient, j’aurais déjà rencontré
un enfant qui serait venu vers moi, couvert de pentagrammes, me
disant « Pouvons-nous, vous savez, aller sacrifier ensemble
une chèvre, plus tard, le feriez-vous avec moi ? ».
Ca ne m’est jamais arrivé, bizarrement. »
Couric
: « On peut dire que vous trouvez ça très énervant.
»
Rowling : « Eh bien,
occasionnellement oui, juste occasionnellement. Car je suis accusée
de quelque chose d’assez horrible. Donc, bien évidemment,
je dois me défendre. »
Couric
: « En quoi croyez-vous ? Je suis simplement curieuse de connaître
vos croyances – Dieu ? Le paradis ? »
Rowling : « Eh bien,
je crois en Dieu »
Couric
: « Vraiment ? »
Rowling : « Oui,
comme je l’ai dit précédemment, mais ça
semble plutôt les énerver encore plus, pour une certaine
raison. Je pense qu’ils ne me veulent pas du tout de leur
côté. »
Rowling a aussi démenti
la rumeur prétendant qu’il y aurait plus que les sept
tomes de Harry Potter promis. (JKR : « Je ne sais pas d’où
cette rumeur est venue »). Et selon la formule, elle déclare
qu’elle n’acceptera pas de date limite pour écrire
les deux derniers. Mais une chose est sûre – maintenant
que le mot « muggle » a été ajouté
au dictionnaire d’Oxford, Jo Rowling est assurée d’avoir
l’immortalité littéraire.
Couric
: « Cela vous donne un apperçu de a) l’impact
que vous avez eu, et b) à quel point les gens pensent que
vos livres vont perdurer, car d’aussi loin que je me souvienne,
ils ne retirent pas beaucoup de mots, dans ce dictionnaire.
Rowling: (riant)
“Ca serait très embarassant, n’est-ce pas? Ca
serait comme se faire fondre par Madame Tussaud [ndlt : l’équivalent
du musée Grévin]. J’ai toujours pensé
que c’était l’humiliation ultime. C’est
pourquoi je ne voudrais pas vraiment être au Madame Tussaud,
car, un beau jour, ils vous fondent pour faire quelqu’un d’autre.
»
Couric
: “Ils le font? Oh non, je figure là-bas. »
Rowling : (la main sur
la bouche) “OH!”
Couric
: “Ce n’est pas grave, ce n’est pas grave. »
Rowling : “Enfin,
ils conservent certaines personnes. »
Le tournage du troisième
film Harry Potter, « Le Prisonnier d’Azkaban »,
vient juste de finir en Ecosse, et sortira en 2004.
Interview traduit
par Jessica.
Version originale en anglais disponible sur le site de Quick
Quote Quill.
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