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Shelagh Rogers: Je veux juste préciser que Lauren participera à l'entretien
avec Jo Rowling.
On nous a demandé de vous appeler Jo. Vous n'aimez pas Joanne ?
Rowling: On ne m'a jamais appelé Joanne lorsque j'étais petite,
à part si la personne était en colère.
Rogers: Nous allons vous poser certaines des questions que des enfants à
travers le pays ont laissé sur notre ligne d'écoute. Lauren je te
laisse parler.
Lauren: Est-ce que c'est votre premier voyage au Canada ?
Rowling: C'est en effet mon premier voyage au Canada. J'ai
toujours voulu venir ici. Quand j'avais environ huit ans, on a proposé
à mon père de venir ici pour travailler. Pendant un moment nous
avons vraiment cru que nous déménagerions au Canada et nous étions
très excités. Mais ça ne s'est pas fait. Nous étions très déçus.
Lauren: Où est-ce que reste votre fille lorsque vous voyagez ?
Rowling: Cela dépend. Parfois elle vient avec moi, cette fois-ci
c'est ma sour qui s'en occupe. Elle est un peu comme une seconde
maman.
Rogers: Comment imaginiez-vous le Canada ?
Rowling: Beau et je n'ai pas été déçue. Hier nous sommes allés
voir les Chutes du Niagara. Vous savez, on a tous cette liste de
choses à faire durant notre vie et visiter les Chutes en faisaient
partie pour moi. C'était simplement sensationnel. Magnifique.
Rogers: Charles Dickens a dit que pour un couple en lune de miel, les Chutes
étaient la seconde plus grande déception (rires).
Rowling: Pauvre Charles. Il a eu quelques problèmes.
Lauren: J'ai reçu par courrier une invitation à fréquenter le Collège Poudlard
de Sorcellerie. Elle était envoyée en secret par ma grand-mère,
avant qu'elle ne meure.J'avais alors dix ans quand je l'ai reçue.
Je sais que ce n'était pas réel. Je sais faire la différence entre
la réalité et l'imaginaire. N'y a-t-il aucun mal à laisser un enfant
rêver ?
Rowling: Je ne pense pas que se soit mal de laisser un enfant
rêver. En fait, je pense qu'empêcher les gens de rêver est une chose
très destructrice. Tu es typique des enfants qui savant parfaitement
faire la part des choses entre les faits et le rêve.
Rogers: Et toi Lauren, qu'en penses-tu ?
Lauren: Je pense la même chose que Jo.
Rogers: Mais les faits réels et le rêve sont tous deux aussi important pour
toi, c'est vrai ?
Lauren: Oui.
Rowling: Mais recevoir une lettre comme celle-là, c'est magnifique.
Tu sais que tu es en train d'interrompre l'incrédulité. Une très
bonne grand-mère.
Rogers: Certains de mes amis et des amis de Lauren ne sont pas autorisés
à lire la série des Harry Potter, vrai Lauren ?
Lauren: Ouais.
Rogers: Il y a eu quelques parutions, dans certaines parties du pays, sur
la sorcellerie et le culte du diable ou ce genre de choses. Qu'en
dites-vous ?
Rowling: On m'a beaucoup posé cette question comme vous l'imaginez.
Tout d'abord, ça m'étonnerait que ces personnes aient lu les livres.
Cela m'étonnerait beaucoup. Ces livres ne concernent en rien le
culte du diable. J'hésite entre être agacée qu'on ait cette fausse
image de mes livres, et trouver les choses vraiment plutôt drôles.
Parce que c'est risible que quelqu'un dise ça de ces livres. Je
pense que quiconque les a lus serait d'accord avec ça. Mais il y
a toujours une personne qui ne voit pas ce qui est vrai sous son
nez.
Rogers: Jo, il y a beaucoup d'humour et de fantaisie dans ces livres, mais
il y a aussi des leçons de vie dans ces histoires. Qu'aviez-vous
l'intention d'écrire lorsque vous avez commencé ?
Rowling: Initialement, j'avais l'intention d'écrire une histoire.
Pas plus ni moins que ça. J'adore les histoires. Nous avons besoin
d'histoires, je pense. Chaque « message » - et je mets ça entre
de gros guillemets car je n'ai pas l'intention d'enseigner aux gens
des choses spécifiques.Je ne m'assois jamais au début d'un roman
en me disant « Quelle est la leçon d'aujourd'hui ? ». Ces leçons,
elles grandissent naturellement en dehors du livre et je suppose
qu'elles viennent naturellement de moi.
Rogers: On entend que dans le cinquième tome, qui est sur le point de sortir,
Harry sera confronté à la mort.
Rowling: Harry y a déjà été confronté, bien sûr. Il a perdu
ses parents très jeune, dans le quatrième tome il a été témoin d'un
meurtre, ce qui est une chose très bouleversante. Donc ce n'est
pas une grande nouvelle pour ceux qui ont suivi la série que la
mort est un thème central des livres. Mais oui, je crois que ce
serait honnête de dire que dans le cinquième tome il doit s'interroger
sur ce qu'est réellement la mort, même par des moyens plus proches
de lui. Mais je ne pense pas que les personnes qui ont suivi la
série seront tant surpris par ça.
Lauren: Dans tous vos livres, le thème récurrent est que les gens ne sont
pas comme ils apparaissent être. Parfois ils semblent dangereux
mais sont en fait bons. Parfois des personnages serviables sont
mauvais. C'est comme ci Harry apprenait à dépasser la première impression
et à se méfier des gens. Pensez-vous que ce sont des choses que
les enfants ont besoin d'apprendre plus que d'autres générations
?
Rowling: Tu as raison, c'est un thème qui revient dans les
livres. Les personnages sont sans cesse surpris. Ce serait être
une personne blasée que d'affirmer connaître toutes les nuances
possibles de la nature humaine. Parfois on me demande quelle serait
ma recette pour une vie plus heureuse. Et j'ai toujours répondu
: « Un peu plus de tolérance de notre part à tous. » Une façon d'apprendre
la tolérance est de prendre le temps de vraiment comprendre les
motivations des autres personnes. Oui, tu as raison. Harry a souvent
une première impression erronée de quelqu'un et doit apprendre à
voir en dessous de la surface. Quand il l'a fait, il a parfois découvert
que des personnes l'avaient trompé. Et dans d'autres occasions il
a eu de très bonnes surprises.
Rogers: Vos livres ont apporté une sorte de nouvel intérêt pour le latin.
Rowling: (rires) Je suis retourné dans mon ancienne université
très récemment, j'y ai étudié le français et les lettres classiques.
Je devais y faire un discours, qui était très éprouvant parce que
je m'adressais à des personnes très studieuses et cultivées, dont
certaines avaient l'habitude de me disputer lorsque je dérangeais
les lectures. Et j'ai dit dans mon discours que j'étais une des
seules personnes qui ait jamais trouvé une application pratique
pour son diplôme de lettres classiques. L'idée que les sorciers
utilisent encore le latin comme une langue vivante m'amusait, bien
qu'elle le soit, comme les étudiants en latin le savent.Je prends
de grandes libertés avec la langue pour les sortilèges. Je vois
ça comme une sorte de dialecte que les sorciers utilisent.
Lauren: Je me demande comment vous étiez enfant ?
Rowling: Je dirais, tout simplement, plutôt introvertie. Qui
manquait d'assurance. J'étais comme Hermione. Hermione est le caractère
basé le plus consciemment sur une personne réelle, et cette personne
c'est moi. Elle est une exagération de ce que j'étais. Mais comme
tous les personnages qui peuvent avoir été inspirés par une personne
vivante (et il y a en a très peu dans mes livres, la plus grande
partie étant sortis de mon imagination) ils commencent leur propre
vie quand ils deviennent des personnages de fiction. Le point de
départ est souvent très éloigné de la façon dont le personnage est
écrit. Mais ce n'est pas le cas d'Hermione. Elle ressemble beaucoup
à ce que j'étais quand j'étais enfant.
Rogers: Comment était l'école pour vous ?
Rowling: Nous sommes partis d'une école de Bristol, qui est
évidemment une grande ville, pour aller dans cette minuscule école
de ce petit village et j'ai détesté ça. Nous avions comme professeur
un vrai dragon, qui est maintenant décédé donc je peux parler librement.
Elle nous plaçait dans la classe d'après l'intelligence qu'elle
nous accordait, ce qui est une chose très vicieuse à faire. Quand
j'ai rejoint la classe, elle m'a posé quelques questions, a découvert
que je ne savais pas faire des fractions et m'a mis dans la rangée
des « stupides ». Puis, après quelques mois avec elle, elle a décidé
que j'avais été mal placée et elle a échangé alors ma place avec
ma meilleure amie qui était dans la rangée des « intelligents ».
C'était une leçon très rapide et amère dans la vie. Ne sois pas
trop intelligente, ça te fait perdre tes amis. Donc je ne peux pas
dire que j'ai des souvenirs particulièrement joyeux de cette école.
Lauren: Pourquoi pensez-vous que vos livres attirent les adultes autant que
les enfants ?
Rowling:Je ne peux vraiment que faire des hypothèses sur ça,
je ne suis pas très bonne pour critiquer mon propre travail. J'en
suis beaucoup trop proche, je trouve très difficile de dire pourquoi
je pense que ces choses sont si populaires. Je pense que c'est parce
que j'écris sur des choses que je trouve drôles, et qui sont opposées
de ce qu'un enfant de huit ans peut trouver drôle. Et je suppose
que d'autres adultes les trouve drôle aussi, je suis clairement
une adulte.
Rogers: Mais vous avez un enfant dans votre vie.
Rowling: J'ai un enfant dans ma vie, complètement au centre
de ma vie, ma fille Jessica. Elle a sept ans.
Rogers: Et est-ce que vous lui avez lu la série ?
Rowling:Au début je disais que je ne commencerais pas à lui
lire jusqu'à ce qu'elle ait sept ans, parce que je crois que certains
des thèmes sont un peu complexes pour un enfant de cinq ans. Mais
je n'ai pas résisté et j'ai commencé à lui lire quand elle avait
six ans, car elle était à l'école et elle était entourée d'enfants
qui lui posaient des questions sur Harry Potter. J'ai pensé que
c'était cruel car elle ne faisait pas partie de cette énorme part
de ma vie et j'avais l'impression de l'exclure donc je lui ai lu.
Rogers: De nombreux enfants nous ont dit qu'ils avaient lu vos livres encore,
et encore, encore. Que pensez-vous qu'il y ait de différent dans
la façon dont les enfants lisent et celles dont les adultes lisent
?
Rowling: Je ne suis pas sûre qu'il y a une si grande différence.
Rogers: Vous pensez qu'un adule relirait un livre ?
Rowling: Je le fais constamment. Il m'arrive de pouvoir citer
de grands passages mot pour mot de mes livres préférés, je les ai
lus tant de fois. Je ne me rappelle même plus combien de fois j'ai
lu certains livres.
Rogers : Quels sont vos livres préférés?
Rowling: Certains livres écrit par Jane Austen, d'autres par
Roddy Doyle. Ce sont mes deux auteurs favoris. Si je suis vraiment
fatiguée et que je désire juste « une difficulté rapide », je lirais
plutôt un polar. Mais je ne relirais jamais un même roman policier,
car une fois que vous avez trouvé qui est l'assassin, ce serait
trop ennuyeux.
Rogers: Lauren, quelle serait la première chose que vous aimeriez savoir
de Jo?
Lauren: Eh bien, comment une simple série de livres peut-elle avoir un effet
si extrême sur des lecteurs ainsi que sur des non lecteurs ?Et par
la même occasion, les internats sont entrain de les bannir de leurs
études.
Rowling: Hmmmm..C'est une question pertinente. C'est difficile.
J'ai constaté que, généralement, la série semble être la cause d'émotions
très contradictoires chez les gens. Par exemple, en Grande Bretagne,
les deux catégories de personnes qui semblent penser que je suis
de tout cour de leur côté sont les gens qui soutiennent le système
d'internat et ceux qui croient aux sorcières. Or, ce ne sont pas
deux groupes auxquels on s'attendrait à ce qu'ils soient alliées,
de quelque façon. En fait, ils sont tous deux dans le faux. Je n'approuve
pas les internats. Je n'envois pas ma fille dans un internat. Je
n'y suis pas allée. Et je ne suis ni une sorcière ,ni une croyante
envers la magie.
C'est juste une chose étrange. Les gens m'ont présentée avec chaque argument
possible.
On a dit de moi, en se basant sur les livres, soit que je devais être très
de droite, soit que je devais être très de gauche.
Rogers: Nous avions reçu Joan Bodger, qui est une des conteuses les mieux
appréciées du Canada. Elle parlait de Harry Potter, après avoir
écouté les enfants, et elle disait que ça lui avait pris un moment
pour comprendre où ces histoires l'avaient conduite, puis elle a
mis le doigt dessus : le « TV Land »
Rowing: Tv Land?Je ne suis pas sûre de comprendre ça.
Rogers: En fait, les enfants s'identifient vraiment aux histoires car elles
sont pleines d'actions, pleines de changements, pleines de magie
et que les choses s'enchaînent rapidement.
Rowling: C'est une théorie. Je ne dirais pas que c'est une
théorie que j'approuverais particulièrement, mais c'est une théorie
élégante [rires]
Lauren: En ce moment, je ne regarde pas beaucoup la télé chez moi, et je
ne pense pas que c'est ce genre de ressemblances avec TV Land .Je
pense que la série contient une part de la réalité, chaque vie en
elle , et aussi les périodes médiévales. Les châteaux, les chevaliers
et les fantômes.
Rogers: Merci pour cette réponse lauren. Alex Longland faisait parti des
jeunes lectrices - Je progresse dans nos questions - Alex vient
de Toronto. Elle a 12 ans. Je crois savoir que c'est son anniversaire
aujourd'hui.
Rowling: Joyeux anniversaire Alex!
Rogers: Elle voudrait savoir pourquoi un écrivain ayant une fille..
Rowling: ..A choisit d'écrire à propos d'un garçon?
Rogers: Exactement
Rowling: Eh bien, premièrement je devrais dire que j'ai commencé
à écrire Harry Potter en 1990, ma fille est née en 1993. Mais elle
a raison. C'est une très ,très, très bonne question et ce qui est
bizarre c'est que cela m'a pris 6 mois pour y penser tout à coup.
J'écrivais Harry depuis 6 mois quand je me suis soudainement arrêtée
et quand j'ai pensé d'un coup..Pourquoi est-ce un garçon?
La réponse la plus simple est que ça m'est venue tout seul. Un garçon est
apparu dans mon esprit - juste ce petit garçon émacié, les cheveux
noirs, portant des lunettes. Ainsi je l'ai écrit, parce que c'était
le personnage qui est venue à moi.
Mais je me suis arrêtée et me suis demandée, ne devrait-il pas plutôt être
Harriette? Et sur ce point il était déjà trop tard. C'était trop
tard car dans mon esprit Harry était vraiment un garçon. J'avais
déjà créé Hermione, et j'estime qu'elle est un maillon absolument
indispensable à l'équipe. J'aime son caractère, et donc je ne l'ai
pas changée. Je voulais aller dans la même direction que mon inspiration
initiale.
Nous pouvons dire qu'Harry est devenu attaché aux filles, car il vieillit.
Il a 14 ans maintenant et vous constaterez que les filles deviennent
pour lui une réalité. Et plus importantes, car les livres sont évidemment
écrits par rapport du point de vue d'un garçon, mais maintenant,
c'est en train de changer.
Rogers: Pensez-vous que la popularité des livres aurait changé s'ils avaient
été écrits du point de vue d'Hermione au lieu de Harry Potter.
Rowling: Franchement, je ne pense pas. Et ensuite, cela ne
m'aurait pas coupée dans mon élan. Si Hermione avait flâné dans
ma tête comme personnage principale, alors je l'aurais faite de
cette manière. Je n'ai jamais vraiment arrêté et n'ai jamais vraiment
pensé 'Je ne ferai pas ça car ça ne sera pas populaire'. Puisque
le jour où je fais ça je pourrai aussi bien tout remballer car mon
plaisir a toujours été d'écrire pour moi. Les seules personnes que
j'ai jamais écoutées sont mes éditeurs, en termes de ce qui rend
le livre meilleur ou plus mauvais. Et de temps en temps ,je suis
allée à l'encontre de ce qu'ils disaient et j'ai fait comme il me
plaisait de faire.
Rogers: Qui gagnait?
Rowling: Ca depend. Je veux dire, je ne suis pas un
tyran à propos de ce sujet. J'ai changé des choses quand je pensais
qu'ils avaient eu de très bons arguments, et j'ai changé des choses
en d'autres occasions. Je me suis senti particulièrement forte à
propos d'un passage et j'ai vraiment voulu le garder, ce que j'ai
fait. Ca n'est jamais obtenu avec aigreur ;j'ai des éditeurs sensationnels.
McCormick : Voici une question de Bridget, 12 ans, de Toronto. Elle se demande
pourquoi vous avez créé une société magique dans laquelle les hommes
et les femmes jouent un rôle aussi traditionnel. On dirait que la
plupart des sorcières ne font que traîner à la maison pendant que
ce sont les hommes qui travaillent.
Rowling : (en riant) Ce n'est pas tout à fait vrai, car si
vous prenez le professeur MacGonagall, par exemple, c'est une sorcière
extrêmement puissante, et elle est en position de force. En fait,
si vous examinez l'équipe enseignante de Poudlard - j'en parlais
justement l'autre jour - il y a exactement la moitié de chaque.
C'est vrai qu'il y a un directeur, et pas une directrice, mais ça
n'a pas toujours été le cas. Comme vous le découvrirez, il y a eu
un nombre égal de directrices.
Est-ce que les sorcières se contentent de rester traîner à la maison ? Non.
C'est vrai que Mrs Weasley reste à la maison, mais si vous croyez
que c'est facile d'élever sept enfants, parmi lesquels Fred et George
Weasley... (rires) Les femmes qui ont eu sept enfants ne diront
pas que Mrs Weasley a choisi la facilité.
Non, je ne pense pas que ce soit vrai. Je l'ai déjà dit. Parfois je me sens
frustrée, car je n'en suis qu'à la moitié de la série. C'est comme
si quelqu'un vous interrompait au beau milieu d'une phrase, et disait
: "je sais ce que vous allez dire". En fait, il ne le
sait pas. Quand j'aurai fini, nous pourrons à nouveau avoir cette
discussion, parce qu'après le septième livre je pourrai parler de
tout librement et sans faire de mystère. Mais en ce moment, nous
n'en sommes qu'à la moitié.
Rogers : Est-ce que le septième tome va être... Est-ce que vous le savez
déjà, d'ailleurs ?
Rowling : Je sais exactement ce qu'il y aura dans le cinquième,
le sixième et le septième tome. Et quand j'aurai fini tout ça, alors
nous pourrons en discuter à bâtons rompus. Mais d'ici là, si je
donne des réponses complètes, je vais forcément révéler des choses
de l'intrigue, et c'est ce que je ne veux pas faire.
Rogers : Je me tourne vers un autre participant : Graham, 11 ans, de Calgary.
C'est un peu comme la question d'Alex, comment faites-vous pour
penser comme un garçon ? La question exacte est "Comment faites-vous
pour penser comme un garçon ? Avez-vous un frère ou quelque chose
comme ça ?"
Rowling : (en riant) Avez-vous un frère... "ou quelque
chose comme ça ?" Non, en fait j'avais un cousin. Il n'est
pas mort, mais je ne l'ai pas vu depuis des années. Je n'ai pas
une grande famille - je n'ai que quelques parents par le sang, mais
je ne les ai pas vus depuis des siècles.
Comment je fais pour penser comme un garçon ? Je crois que j'ai toujours
eu des amis filles et garçons, et ça vient probablement de là. Oui,
j'ai eu aussi bien de bons amis que de bonnes amies.
Rogers : J'imagine que quand vous avez commencé, vous ne pouviez pas imaginer
à quel point...
Rowling : Absolument. J'aurais été folle si je m'étais imaginé
tout ça.
Rogers : Eh bien (rires) je vais vous poser une question à propos de SkyDome
!
Rowling : Merci ! (rires) Ce qui s'est passé avec le SkyDome,
vraiment... Tout d'abord, comme vous pouvez l'imaginer, je reçois
des centaines d'invitations pour aller faire la lecture dans des
librairies et des écoles, et si j'allais dans toutes, je n'aurais
plus le temps de dormir, de manger, de voir ma fille, ni d'écrire
un mot. Et je ne peux pas me permettre de le faire.
On m'a demandé de le faire, on m'a dit que ce serait un événement très important
au SkyDome de Toronto. J'étais très tendue à l'époque, car j'en
étais à la moitié du tome quatre, et j'ai dit oui. J'ai dit oui
à beaucoup de choses juste pour que les gens arrêtent de me demander
autre chose, car je voulais vraiment écrire. Puis j'ai comme émergé
de la frénésie qu'il y avait autour du tome quatre, et j'ai réalisé
à ce moment à quel point l'événement du SkyDome allait être important.
Et j'ai été terrifiée. Alors, merci de me le rappeler, si tôt dans
la journée (rires). J'essaie de l'oublier.
Rogers : Désolé. Mais si vous êtes capable de le faire, vous pouvez faire
n'importe quoi après ça.
Rowling : C'est ce que je me dis. Si je suis capable de le
faire, oui...
Rogers : Comment vous sentez-vous ? Des tas de gens vous ont posée en ambassadrice
des parents célibataires. Est-ce que vous le ressentez comme ça
? Est-ce toujours considéré comme une tare, d'être mère célibataire
?
Rowling : Je ne peux parler que de la Grande-Bretagne, bien
sûr. Les parents seuls en Grande-Bretagne ne sont pas traités très
justement dans certains domaines. Au début, ça me mettait un peu
mal à l'aise... d'être considéré comme une ambassadrice... parce
que ce que je fais, ce n'est pas typique des parents seuls, et c'était
injuste, peut-être, de dire aux autres mères célibataires qu'elles
pouvaient faire la même chose. Mais maintenant je suis marraine
du Conseil des Parents Célibataires de Grande-Bretagne, alors j'essaie
d'améliorer le sort de chacun.
Interview traduit par Nikopol54, Florian
et Hedwige.
Version originale en anglais disponible sur le site de radio.CBC.ca
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