Dans
le gymnase principal du collège de Santa
Rosa's Maria Carillo, on dirait qu'il
y a un orage. Les pieds martèlent les gradins tandis que 2400 enfants
survoltés hurlent et acclament. Non, ce n'est pas un concert de
Britney Spears. Ils accueillent J.K. Rowling, une mère célibataire à la voix douce qui vient d'Edinburgh,
en Ecosse, et qui est la créatrice du héros sorcier connu sous le
nom de Harry Potter, qui a le monde de la lecture à ses pieds.
« Habituellement
je déteste lire, mais j'aime les livres Harry Potter », dit
Gaby Tomko, 10 ans, de Mill Valley. « Je
suis un fan depuis le début. J'aime tous les noms des créatures
magiques. »
Trevor Wallace, 9 ans, est venu de San Anselmo avec ses amis Billy, Will
et Cameron pour voir Rowling. Un ami adulte
a fait la queue pendant trois heures pour leur réserver des places.
« Les
livres sont tous si excitants, je ne m'en lasse pas », dit
Trevor, habillé d'une cape pourpre de sorcier. « Ce n'est
pas comme les trucs habituels de sorciers, avec les chapeaux et
les étoiles. Ils sont habiles ! »
Harry
- un garçon maigre avec de grosses lunettes qui apprend qu'il est
un sorcier - est un héros de fiction de trois livres pour enfants
- « Harry Potter à l'Ecole des Sorcier », « Harry
Potter et la Chambre des Secrets » et « Harry Potter et
le Prisonnier d'Azkaban » - qui a
vendu plus de 8 millions d'exemplaires aux Etats-Unis et 2,2 millions
dans le reste du monde anglophone. Les livres ont été traduits dans
28 langues. Et des enfants et des parents du monde entier abandonnent
leur télévision et leurs jeux vidéo pour redécouvrir les joies de
la lecture.
La
mère écossaise de la plus grande histoire en 10 ans dans l'édition
est J.K. (Joanne Kathleen) Rowling (prononcez Rolling), âgée
de 34 ans, qui, cinq ans auparavant, était une mère célibataire
sans travail vivant des allocations. Dans une interview matinale
à son hôtel Nob Hill, elle admet qu'elle est toujours un peu ahurie par
son succès et sa célébrité soudaine.
« Je
n'avais aucune idée, jusqu'à ce que je fasse cette tournée, de la
popularité que les livres avaient atteint », a-t-elle dit,
en prenant une gorgée de café. « Mon rêve était qu'un jour,
quelqu'un dans un magasin verrait mon nom sur une carte de crédit,
et dirait, Mon dieu, vous avez écrit mon livre préféré. » Mais
je ne m'étais jamais attendu à cela - Je n'avais jamais imaginé
être interviewée et photographiée. C'est marrant, j'aime ça. Mais
parfois. » Elle fait une pause.
« Quand
j'ai commencé à avoir de la publicité après avoir fini la « Chambre
des Secrets », j'ai paniqué. Je ne pouvais pas écrire. La pression
m'a effrayée. Mais je m'y suis faite. »
Et
comment. Rowling a créé un monde intelligent
et follement amusant que les adultes adorent autant que les enfants.
Même les noms des personnages sont irrésistibles : Severus
Rogue, Drago Malefoy
et les détraqueurs d'Azkaban :
les Moldus (le monde non-sorcier) ;
et le jeu de Quidditch, une sorte de hockey
aérien joué sur des manches à balais.
QUATRE
VOLUMES A VENIR ENCORE
Le
dernier de la série, « Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban »,
oppose l'héroïque sorcier et ses amis, Ron
Weasley et Hermione Granger (tous élèves de l'école des sorciers)
à Sirius Black, la main droite du néfaste Lors Voldemort.
Ils gagnent, bien sûr. Mais pas définitivement. Après tout, il y
a quatre autres volumes à paraître dans la série des sept livres.
Dans
le livre quatre, prévu pour juillet, Harry aura son premier béguin.
« Les
lecteurs attentifs du livre trois sauront déjà qui est la fille »,
a dit Rowling, en souriant mystérieusement.
Harry
apparaîtra aussi magiquement sur le grand écran en 2001.La Warner
Bros. A acheté les droits d'adaptation
des deux livres pour une somme qu'on dit « de sept chiffres »,
mais Rowling a fait en sorte de devoir approuver le script avant
que le marché ne soit conclu.
« Je
suis plus impliquée que je ne pensais l'être », a-t-elle dit.
« Mais je voulais du contrôle. J'étais très effrayée à l'idée
qu'ils prennent mes personnages et leur fassent faire des choses
non compatibles avec les livres. »
SON
PREMIER LIVRE ECRIT A 6 ANS
Rowling a grandi à Chepstow, Gwent. Lectrice vorace (elle aimait la série James Bond de
Ian Fleming), elle a écrit sa première fiction complète à l'âge
de 6 ans - un conte sur un lapin nommé Lapin et une abeille nommée
Abeille. Etudiante à l'université, elle a étudié à Paris avant d'aller
travailler dans le bureau d'Amnesty International de Londres, en combattant les atteintes
aux droits de l'Homme en Afrique francophone.
Pendant
les années suivantes, elle a étudié l'anglais au Portugal, s'est
mariée puis a divorcé, et a eu son enfant.
L'idée
pour Harry Potter a éclos durant un long et morne voyage en train
en Angleterre, a-t-elle expliqué. « Elle est venue, tout simplement ».
Elle a écrit le premier livre dans un café d'Edinburgh pendant que
sa fille somnolait à ses côtés. Elle écrit
encore dans des cafés.
« Harry
Potter à l'Ecole des Sorciers » a été publié en Grande-Bretagne
par Bloomsbury en juin 1997. Les commentaires et les ventes ont
été phénoménalement bons. Scholastic l'a
publié peu après aux Etats-Unis, et les ventes ont été encore meilleures.
Sorti l'année suivante, « Harry Potter et la Chambre des Secrets »
a suscité le même accueil.
Pourtant,
tout le monde n'est pas dingue de Harry. Quelques groupes de parents
dans la Caroline du Sud, le Minnesota et la Géorgie veulent que
les livres soient bannis des écoles car, paraît-ils, ils prêchent
le non-respect, « la mort, la haine et le mal ».
Le
brouhaha lasse Rowling. « Pour moi,
c'est de la censure », a-t-elle déclaré. « Ils ont le
droit de décider de ce que lisent leurs enfants - bien sûr. Mais
ils n'ont pas le droit de décider de ce que mon enfant ou l'enfant
de quiconque d'autre lit. Pour ce qui est du contenu, mon sentiment
est qu'ils ne s'y connaissent pas vraiment en littérature pour enfants. »
LES
LIVRES DE ROWLING POUR ADULTES
Rowling a écrit deux romans pour adultes mais n'a
pas l'intention de les publier. « Ils n'ont pas de valeur »,
dit-elle. Mais elle écrira un livre Harry Potter par an jusqu'à
ce qu'il ait 17 ans. Qu'est-ce que Harry Potter va faire après ?
Rowling le sait, mais ne le dit pas -
encore.
Elle
dit qu'elle vient de commencer à lire ses livres à sa fille de 6
ans, qui se trouvait à l'étage dans une chambre de l'hôtel, en train
de se mettre du verni blanc nacré. « Elle insistait, mais je
voulais attendre qu'elle soit suffisamment grande pour comprendre.
J'avais peur qu'elle ne s'ennuie et me demande de lui lire Winnie
l'Ourson encore une fois. Mais au lieu de cela, elle me criait « encore,
encore, encore ».
En
dépit de la gloire et des acclamations, ça a dû être un soulagement.
« Oui », dit Rowling dans un
sourire. « J'étais une maman heureuse ».
QUESTIONS
DES LECTEURS ET REPONSES DE L'AUTEUR
Pour
aider les fans de Harry Potter qui ne pouvaient pas aller au Bay Area pour voir J.K. Rowling, The Chronicle
a proposé d'être le relais de nos lecteurs. Voici cinq questions
des lecteurs et les réponses de Rowling :
Q :
Pourriez-vous écrire un livre où Harry a une sour jumelle Harrietta ?
Ecrirez-vous un livre avec une fille comme personnage principal ?
- Jessica, 12 ans
A :
J'écrivais sur Harry depuis six mois avant de m'arrêter et de me
demander pourquoi j'écrivais sur Harry et pas Harriet.
Et à ce moment, il était trop tard. Il était un garçon pour moi,
je l'aimais en tant que garçon, je ne voulais pas lui mettre une
robe et le féminiser. Hermione est un personnage très, très fort.
Elle est une caricature de moi quand j'étais plus jeune.
Q :
Comment avez-vous inventé les noms des personnages ? - Claire
Christian, 9 ans
A :
J'ai une légère obsession pour les noms. Je collecte de bons noms,
et j'en invente beaucoup. Le Quidditch
est un nom inventé ; la plupart le sont. J'ai des livres de
notes pleines de ça, des mots obsolètes et des mots dans d'autres
langues, que j'aime.
Q :
Quels sont les 12 utilisations du sang de dragon ? - Kelsey
Biggar, 9 ans
A :
J'ai une très bonne raison de ne pas vous les dévoiler - le scénariste
des films veut que je lui donne l'information pour le film. Mais
je peux dire que la 12eme utilisation est le nettoyage des fours.
Q :
Pourquoi Harry devait retourner chez les Dursley
tous les étés ? Pourquoi ne peut-il pas simplement passer les
vacances d'été avec les Weasley ?
- Dan Zoloth Dorfman
et sa famille
A :
Vous le découvrirez dans le tome cinq.
Q :
Est-il vrai que la version anglaise de Harry Potter n'est pas la
même que la version américaine ? - Kristin
Fleming et Kate Barber
A :
Il n'y a que des petites différences, juste aux endroits où j'utilisais
des mots qui, en anglais américain, ont un sens différent. Dans
la version classique, Harry et Ron portent
des pull-overs. En Amérique, ce sont des robes pour les petits enfants.
En Grande-Bretagne, le mot est interchangeable avec « sweater ».
Donc nous avons simplement changé pour sweater tout le long du livre,
plutôt que de voir des enfants penser que Harry et Ron
se travertissaient, ce qui n'aurait pas
été approprié.
Interview
traduit par Jessica.
Version
originale en anglais disponible sur le site de Quick
Quote Quill.
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