Lors de sa tournée américaine frénétique, l’auteur britannique J.K. Rowling dédicaçait des exemplaires de Harry Pottter à l’Ecole des Sorciers quand un petit garçon s’est approché impatiemment d’elle.

Il a dit en un seul souffle :

« Je connais le titre de votre prochain livre. Je sais ce que c’est. C’est Harry Potter et la Coupe du Monde de Quidditch ! »

Rowling, une femme mince aux cheveux blonds,a fait une pause pour se rappeler cet épisode, puis a déclaré avec son vif accent britannique :

« Toutes les autres fois qu’un enfant m’a dit cela, j’ai répondu, « Non, c’est une rumeur ; ce n’est pas le titre. » Mais il était tellement content à l’idée qu’il pensait le savoir, et il avait seulement 5 ans, donc j’ai répondu : « C’est vrai. Tu as tout à fait raison. » Et j’ai pensé, « Il s’en rendra bien compte plus tard. »

Cette anecdote démontre non seulement l’immense popularité de sa série de livres fantastiques Harry Potter mais aussi sa compassion pour les jeunes lecteurs.

Joanne Kathleen Rowling (qui rime avec bowling) est toujours à l’écoute de ces fanatiques disciples qui considèrent Harry, Hermione et Ron et les autres membres de l’école de sorcellerie de Poudlard comme une famille.

Ses trois premiers livres Harry Potter sont No. 1,2 et 3 dans la plupart des listes de best-sellers. Plus de 8,2 millions d’exemplaires des livres, qui ont été traduits dans 28 langues, sont imprimés aux Etats-Unis.

Alors qu’elle était une mère célibataire dans la précarité pendant quelques mois, Rowling a écrit une partie de Harry Potter and the Philosopher’s Stone (changé en Harry Potter and the Sorcerer’s Stone dans la version américaine) dans un café écossais, atour d’une tasse de café pendant que sa jeune fille dormait.

Elle est née près de Bristol, en Angleterre, et savait dès l’âge de 6 ans qu’elle voulait devenir écrivain. Elève douée, elle fréquente une école publique (pas un pensionnat) à Chapstow, puis à l’université d’Exter. Elle est diplômée de français, puis enseigne dans un lycée au Portugal, se marie, divorce, puis retourne en Angleterre.

Là, alors qu’elle monte dans un train, l’idée de Harry Potter et de Poudlard lui traverse l’esprit « presque comme un souffle ».

La popularité de ses livres semble avoir elle aussi fait un bond.

Récemment, Rowling a accordé une interview en début d’après-midi à l’hôtel des Quatre Saisons. (Sur la rue, des adultes et des enfants – certains portant des costumes et enfourchant des manches à balais – étaient alignés devant la librairie Borders où elle devait apparaître dans la soirée.)

Q : D’où vient Harry ?

R : Harry a toujours été un garçon, et il s’est toujours appelé Harry, mais pas toujours Potter ; il avait deux autres noms de famille. Je ne vous dirai pas lesquels, en partie parce que je vais en utiliser un pour un autre personnage dans le tome quatre.

J’ai réfléchi à la raison pour laquelle je n’ai pas choisi une héroïne, mais je ne voulais pas le changer. Il était trop réel pour moi, et cela aurait été une invention de le féminiser… il y a beaucoup de personnages féminins forts dans les livres. Hermione est une caricature de moi quand j’étais plus jeune. De Harry, Ron et elle, elle est vraiment la tête pensante.

Q : Est-ce que Harry rencontrera l’amour dans le tome quatre ?

R : Il essaiera, mais il ne va pas très loin.

Ils courent tous après les mauvaises personnes, tout comme dans la vie. Hermione a son premier rendez-vous, et c’est un rendez-vous assez sympa car je crois que je lui devais un peu d’amusement.

Q : Harry excelle au Quidditch, un sport d’équipe où l’on chevauche des balais – est-il proche du football ?

R : Non, c’est plus proche du hockey, mais ils marquent des points dans des cercles comme au basket-ball.

Le basket-ball est le sport que je préfère regarder. Ce n’est pas tellement populaire en Grande-Bretagne. J’étais au Portugal quand j’ai commencé à suivre les Chicago Bulls. Quand je suis rentré en Grande-Bretagne, je devais attendre 3 heures du matin pour regarder du basket-ball à la télévision.

Q : Un groupe de Caroline du Sud prétend que vos livres sont violents et font l’apologie de la sorcellerie. Une femme veut les tenir éloignés de certaines salles de classe. Comment réagissez-vous à cela ?

R : Bien sûr, les gens ont le droit de décider de ce que leurs enfants lisent, mais je ne pense pas qu’ils ont le droit de décider de ce que les enfants des autres peuvent lire.

Aucun livre d’enfant ne rendra tout le monde heureux, ni ne devrait. La littérature pour enfants, de même que toute autre littérature, est là pour stimuler les gens. S’ils pensent que je fais l’apologie de la sorcellerie, ils se trompent vraiment.

Les enfants sont astucieux. C’est un monde fantastique dans lequel ils s’immergent complètement et qu’ils apprécient. Puis ils posent le livre et retournent à la vraie vie.

Q : Les enfants savent qu’il y aura une mort ou deux dans le prochain livre, et ils s’inquiètent à propos de certains personnages – en particulier Ron et Hagrid, le garde-chasse. Faites-vous attention à ces inquiétudes ?

R : Pendant cinq ans, c’était mon monde intérieur. C’est encore une chose incroyable de rencontrer une personne, et encore plus une foule de personnes, qui connaît ces personnages.

Il est réconfortant de voir des personnes se soucier suffisamment d’eux pour ne pas vouloir les voir être blessés, mais en même temps j’ai absolument le droit de faire ce que je veux à mon histoire et à mes personnages. Je ne vais pas écrire selon les ordres des gens. J’ai prévu l’histoire entière, et j’ai toujours su qui allait mourir et qui allait rester indemne, et je ne vais pas changer cela.

Q : Avez-vous lu Harry Potter à votre fille de 6 ans ?

R : je ne pensais pas qu’elle était prête pour les livres, mais elle n’arrêtait pas de me demander, donc je suis en train de les lui lire. Nous avons fini le premier, et nous en sommes à la moitié de Harry Potter et la Chambre des Secrets. J’étais très nerveuse ; c’es vraiment la lecture la plus importante de ma vie, n’est-ce pas ? Elle pleure à la fin de chaque chapitre et dit « J’en veux plus. Encore. »

Q : Les couvertures des versions américaines et britanniques sont différentes. En avez-vous une préférée ?

R : J’aime l’édition américaine. Elle ressemble à la façon dont j’avais imaginé les livres, avant qu’ils ne soient publiés.

J’ai vu maintenant 26 versions différentes, et l’américaine est ma préférée… Les Italiens ont enlevé les lunettes de Harry… je suppose qu’ils ne pouvaient pas avoir un héro avec des lunettes. Je n’ai pas beaucoup aimé ça.

Les Allemands ont un Harry très anguleux. Ca le rend plus dur, d’une certaine façon.

Q : Quels sont les projets pour Harry Potter, le film ?

R : Ils n’en sont qu’au début. La date prévue est l’été 2001. J’ai approuvé le script, et je suis en contact régulier avec le scénariste.

Parmi les choses qui ont motivé mon choix de la Warner Bros., il y a les films The Little Princess et The Secret Garden… Ils ont traité le livre avec respect et n’ont fait de changement qu’aux endroits où c’était absolument nécessaire.

Q : Y aura-t-il une série ?

R : Non, je pense qu’un film est suffisant. Il y aura des produits dérivés du film. C’est la façon dont ça marche. Si ce sont des choses avec lesquelles les enfants peuvent jouer intelligemment, comme des costumes, alors c’est bien.

Q : Etes-vous surprise par le nombre d’adultes qui lisent Harry Potter ?

R : Je suis flattée. J’ai écrit les livres pour moi. J’ai écrit ce que je voulais lire et ce que je pensais que j’aurais aimé lire quand j’étais plus jeune.

Q : Vous sentez-vous enfermée dans cette série de sept livres ?

R : Pas du tout. Si on me considère pour toujours comme un écrivain pour enfants, c’est bien… et je suis complètement résignée à l’idée que je n’écrirai probablement jamais plus de livre aussi populaire. Je serai toujours très, très fière de ces livres.

Q : Pensez-vous que vous avez changé la littérature pour enfants contemporaine ?

R : Trois ou quatre éditeurs ont refusé Harry Potter pour des raisons variées, mais chacun d’entre eux disait qu’il était trop long.

Je ne pouvais pas le couper. Il y avait eu plusieurs livres pour enfants qui faisaient 150 pages et avaient du succès, et ça semblait la raison de leur vente. Mais j’ai rencontré tant d’enfants dans cette tournée, et, quand je leur dit que le tome quatre sera le livre le plus long, ils disent tous, « Oui ! ».

Interview traduit par Jessica.
Version originale en anglais disponible sur le site de Quick Quote Quill.

 

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