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James Naughtie
: Bonjour et bienvenue à Book Club. Parmi les enfants d’un
certain âge, JK Rowling s’est déjà fait
un nom et se trouve sur l’étagère avec Roald
Dahl et d’autres auteurs plus anciens comme Richmal Crompton
et même CS Lewis. Joanne Rowling, elle,a écrit un 1997
un livre, qui s’intitule Harry Potter à l’Ecole
des Sorciers. Et peu de temps après, chacun savait que
c’était un phénomène. Les enfants et
les parents le dévoraient.
Donc aujourd’hui,
c’est le Book Club pour enfants. Le public de lecteurs ici
présent est jeune. Ce sont tous des fans de Harry Potter
et je sais, par la cacophonie qui régnait il y a quelques
minutes, qu’ils sont impatients d’être dans la
même pièce que JK Rowing, qui, je dois dire, semble
étonnamment calme parmi eux. Bienvenue à vous tous
ici présents et dans votre maison, jeunes ou âgés,
car Harry Potter est le sujet de cette émission.
Rien de semblable
n’était advenu dans la littérature pour enfants
depuis longtemps. C’est une histoire de magie mais également
une histoire de personnes réelles. Les aventures de Harry
élève de l’école de sorcellerie de Poudlard
sont surnaturelles et inoubliables.
Il y a des fantômes
et des sorciers ; le chien à trois têtes qui garde
la trappe du troisième étage sous laquelle se trouve
la pierre philosophale elle-même ; une palette fantastique
de personnages en robe et à barbe. Ils peuplent tous un monde
aussi détaillé et réel que le monde ordinaire
extérieur habité par les moldus, le terme par lequel
Harry et ses semblables désignent les mortels n’ayant
pas de pouvoir magique et qui ne comprennent tout simplement pas
ce qui peut vous arriver quand vous prenez le train à la
voie neuf trois-quarts à la gare de King’s Cross pour
aller dans un autre monde. Il y a Drago Malefoy, le rouquin Ron
Weasley, Hermione Granger qui passe son temps à travailler,
le fantôme Nick quasi sans tête. Les quatre maisons
de l’école se défient les unes les autres :
Gryffondor, Poufsouffle, Serdaigle et Serpentard. Ils jouent au
Quidditch, qui est un football dans les airs sur des balais volants,
et sont confrontés à un troll haut comme une montagne
de douze pieds et au professeur Rogue. Je pense que vous visualisez
la scène…
Depuis le moment
où les chouettes commencent à agir bizarrement dans
le premier chapitre et où on voit un chat qui lit une carte
routière (c’est en fait le professeur Mac Gonagall
sous une autre forme) vous êtes embarqué sur une montagne
russe. Harry se lance contre Voldemort, l’essence du mal,
et c’est le début de ce qui sera, vous le savez, une
longue aventure.
Nous avons maintenant
deux suites, Harry Potter et la Chambre des Secrets, et
dans les semaines passées, Harry Potter et le Prisonnier
d’Azkaban. Quatre autres sont prévus, mais c’est
au premier texte que l’on s’intéresse aujourd’hui.
Je suis entouré par des lecteurs aux yeux grands ouverts,
au milieu desquels se trouve JK Rowling.
(A Joanne
Rowling) Qu’est-ce qui a produit cette excitation autour de
Harry Potter ? Car d’un côté, il y a la magie,
le rêve. De l’autre côté, il y a quelque
chose de très réel : de vrais personnes et un monde
ordinaire. Où ces deux choses se sont-elles rencontrées
pour produire cette fascination ?
JK Rowling : Je
trouve que c’est toujours dur de parler des livres dans ces
termes car je trouve très, très difficile d’être
objective à propos d’eux. Pour moi, ils restent mon
petit monde privé – j’ai écrit sur Harry
pendant cinq ans avant que quiconque n’en lise un mot et c’est
toujours un sentiment incroyable, d’être dans une pièce,
comme aujourd’hui, avec des gens dont les têtes sont
aussi peuplées par ces personnages, parce que, comme je l’explique,
pendant cinq ans ils ont été mon secret. Depuis le
moment où j’ai eu l’idée pour le livre,
je ne pouvais voir que le potentiel humoristique dans l’idée
que les sorciers marchent parmi nous et que nous sommes si stupidement
aveugles que nous ne voyons pas que la raison pour laquelle nous
perdons nos clés de contact est que les sorciers les ensorcellent
pour s’amuser.
James
Naughtie : C’est un type bien, Harry, n’est-ce pas ?
JK Rowling : Oui,
c’est quelqu’un de très bien, oui, vraiment.
James
Naughtie : Il agit pour le bien du monde, en fin de compte, c’est
ça ? Avez-vous écrit cela dans un but de morale, pour
utiliser un mot pompeux ?
JK Rowling : Non,
à aucun moment je ne me suis demandé, quelle sera
la morale de ce livre ? Cela dit, une morale émerge habituellement
assez rapidement quand j’écris, donc ce n’est
pas quelque chose de conscient, ça se développe à
mesure que j’écris les livres.
James
Naughtie : Et pourtant, bien que ce soit rempli d’humour,
il y a une dose de tristesse. Il est orphelin, ou du moins c’est
comme cela qu’il apparaît au début du livre.
Et il y a ce moment terrible où il regarde dans le miroir
et voit ses parents. C’est une image assez troublante. Vous
êtes-vous préoccupé de la façon dont
les enfants prendraient cela ?
JK Rowling : Non,
et cette réponse me fait paraître insensible. Mais
jamais, à aucun moment de l’écriture des livres,
je ne me suis souciée si les enfants comprendraient ou s’ils
trouveraient cela amusant, ou si je les effrayerais trop, jamais,
parce que j’ai écrit les livres entièrement
pour moi-même. Je suis allé là où je
voulais aller et j’ai assumé les conséquences.
Interview traduit
par Jessica.
Version originale en anglais disponible sur le site de Quick
Quote Quill.
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